Nouvelles depuis Noël 2011 (juin 2012)

Régulièrement, les uns ou les autres me demandent des nouvelles. Tous les récits précédents disent bien ce que je vis au jour le jour. J’actualise avec quelques flashs.

Fêtes de Pâques

J’ai célébré le triduum pascal à Ikalalao avec de nombreux baptêmes d’enfants, adultes et adolescents. Par contre, hormis les catéchumènes, « obligés » de venir participer à une retraite avant leur baptême jeudi, vendredi et samedi saint, peu de chrétiens sont venus aux célébrations de ces trois jours. Ils étaient nombreux le dimanche de Pâques.

Au service du Prado après les fêtes de Pâques

Les jours qui ont suivi, j’ai été visiter les sœurs du Prado à Kianjavato (une centaine de km de Fianarantsoa en direction de la côte est, puis les pradosiens de Tuléar qui ont repris leurs rencontres régulières, profitant du dynamisme d’un d’entre eux revenu de l’Année Pradosienne Internationale à Lyon, et j’ai participé au Conseil du Prado de Madagascar à Tananarive. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai passé beaucoup de temps à préparer des montages Power Point pour l’Assemblée du Prado de Madagascar qui aura lieu en juillet.

J’ai aussi passé 15 jours à l’hôpital de Tananarive pour accompagner Bernard Rabefihavanana, connu sous le nom de Petit-Dutaillis en France, un prêtre français ordonné à Madagascar en 1965 pour le diocèse de Fianarantsoa et pradosien. Ici, chaque malade doit venir avec quelqu’un qui va lui faire garde malade (aide-soignant, coursier pour porter les examens dans d’autres laboratoires, aller chercher les résultats, acheter à la pharmacie de l’hôpital tout le matériel, y compris les pansements, aiguilles, etc.). J’ai aussi « veillé au grain ». Par exemple, nous avons été faire un examen dans un autre hôpital et le médecin a dit qu’on aurait le résultat dans un mois et demi, alors que nous avions un besoin urgent de ce résultat. Finalement, nous l’avons eu le lendemain. Je ne vous décris pas les autres gags, et nous étions dans un hôpital de pointe de Tana, pas dans un hôpital de brousse, mais j’ai pu mesurer un peu plus la chance qui est la nôtre en France de pouvoir être soigné dans de toutes autres conditions. Par contre, j’ai été émerveillé par l’accueil des « Sœurs de la Charité » fondées par St Vincent de Paul. Elles portent vraiment bien leur nom. Cela a été un bon moment fraternel avec Bernard qui m’aide beaucoup dans mon intégration à Madagascar.

Congrès du F.E.T. (Mouvement Eucharistique des Jeunes) à Befeta puis à Ambohimahasoa

Du vendredi 4 au dimanche 6 mai, c’était le congrès du F.E.T. pour notre paroisse : 600 enfants sont venus, certains ayant marché 7 heures, dont des enfants de 8 ans, sans repas à midi. Du jeudi 17 (Ascension), au dimanche 20 mai, c’était au niveau du doyenné à Ambohimahasoa : 2 000 enfants !

A Befeta comme à Ambohimahasoa, j’ai eu la joie de pouvoir proposer une animation différente de ce qui se faisait jusque là avec des temps d’équipe. A Ambohimahasoa, nous avons constitué 25 groupes de 4 équipes (100 équipes au total). Chaque équipe mettait en théâtre 4 évangiles différents puis le jouait devant les 3 autres équipes. L’après-midi, 4 équipes ont joué pendant la messe : une équipe a joué l’évangile de l’aveugle Bartimée, les autres ont joué les évangiles de Zachée, de la multiplication des pains chez St Jean avec des extraits du discours de Jésus sur le pain et les disciples d’Emaüs. Les enfants ont été « gaga », mot malgache qui correspond au mot populaire français pour dire étonné, quand ils ont vu celui qui jouait le rôle de Jésus verser les 5 mofo gasy (pains malgaches) et les 2 poissons dans un pannier et pouvoir distribuer largement (évidemment, le pannier était rempli auparavant…). La fille qui avait été choisie pour tenir le rôle de l’enfant aux 5 pains et 2 poissons était la plus petite du groupe, ce qui a donné de la force à cette « lumière trouvée dans l’Evangile » : « On n’est jamais trop petit pour nourrir la foule avec Jésus. »

Il y a eu un « délestage » (électricité coupée) pendant toute la journée et nous avons du fonctionner avec un simple mégaphone pour se faire entendre par les 2000 enfants qui emplissaient l’église d’Ambohimahasoa. L’église est remarquablement bien conçue : un grand cœur circulaire sur lequel convergent 3 nefs contenant chacune 700 personnes assises.

Je reste toujours impressionné en voyant la joie de ses enfants, leur gentillesse, leur patience pour attendre des repas parfois en retard et pas forcément abondants, surtout après les 7 heures de marche. Et quelle merveille d’organisation pour recevoir tout ce monde avec des moyens précaires !

Fête des récoltes et du denier de l’Eglise

Nous venons de finir la période des fêtes des récoltes qui est suivie immédiatement par la fête du denier de l’Eglise, les gens participant à la vie de l’Eglise soit en argent, soit en donnant du riz. J’avoue ne pas être très à l’aise avec la publication de ce que chacun a donné en fin de célébration. Le but est de responsabiliser les gens pas encore habitués à prendre en charge la vie matérielle de leur paroisse, ayant eu l’habitude d’être servi par des missionnaires apportant ce qu’il fallait. Ce n’est pas forcément efficace quand on voit des gens donner 50 Ariary pour le denier d’Eglise d’une année complète, les mêmes n’ayant pas de mal à se payer du « Toaka Gasy » (alcool local) à 1 000 Ariary le verre, mais on est vraiment loin de l’Evangile de Matthieu appelant à donner dans le secret.

Premières communions

Nous venons de faire les retraites de première communion et les célébrations. Les enfants arrivent le jeudi soir et repartent après la célébration du dimanche. Je suis heureux de voir que personne ne souhaite faire les retraites comme auparavant où les enfants restaient tout le temps en grand groupe, écoutant et répétant la parole du catéchiste, récitant les prières, les commandements, n’ayant aucun moment de méditation de l’Evangile à part pendant la messe.

Comme pour les congrès du Mej, nous utilisons la technique de travail par groupes, chaque groupe étant formé de 4 équipes, préparant chacune la mise en scène d’un Evangile. Ensuite, chaque équipe joue devant les 3 autres du groupe et les enfants partagent les « Paroles de vie » avant d’essayer de dire les lumières trouvées dans l’Evangile pour la communion.

Un catéchiste était émerveillé parce que 3 enfants de son groupe, qui ne savaient pas lire ni écrire, ont trouvé les lumières suivantes dans l’Evangile de l’appel des premiers disciples chez St Jean :

–     communier, c’est répondre à l’appel de Jésus

–     c’est décider de suivre Jésus

–     c’est aller inviter nos amis à suivre Jésus

Quand on voit que tout le système éducatif pousse à la répétition de la parole du maître et jamais à la réflexion et à la parole personnelle, c’est une vraie joie de voir ce pas ce franchir. Mais, ma plus grande joie, c’était de voir la joie du catéchiste émerveillé de voir l’action de l’Esprit Saint dans le cœur de ces enfants illettrés et le clamant partout.

A Befeta, j’ai eu la joie d’accueillir Loïc et Delphine Hussenot et leurs 4 filles: Manon, Clémentine, Elise et Anne-Colombe (15 à 6 ans), qui terminent un an de présence à Fianarantsoa et qui sont venu me rejoindre pendant la retraite de Première Communion. Ils n’ont pas leur pareil pour entrer en contact avec les familles malgaches. Loïc, ingénieur, a enseigné pendant un an au collège jésuite, et Delphine, médecin, a travaillé au Centre Diosésain de Santé. Ils étaient envoyés par la Délégation Catholique à la Coopération (D.C.C.). Vous trouverez les photos qu’ils ont prises en suivant ce lien.

Fianarantsoa accueille de nombreux coopérants français et italiens. Les français sont plus spécialement envoyés par la D.C.C. et par les FIDESCO. Nous, j’inclue les autres prêtres français ici, sommes émerveillés par la qualité de leur présence. Outre nos « familles malgaches », ils sont un peu notre famille française ici, un vrai soutien fraternel.

Nous avons célébré 850 premières communions d’enfants et adultes au total dans chacun des 4 centres. Dimanche prochain, je célébrerai 251 baptêmes d’enfants et 5 mariages en une messe…

Comme la fin de l’année approche, plusieurs s’inquiétaient de savoir si nous serions encore là l’an prochain avec le Père Wilson, manière de dire qu’ils apprécient notre présence malgré mes grandes difficultés de langue.

Centre d’Ikalalao

J’ai été émerveillé par les dons reçus qui ont permis d’installer l’électricité solaire pour le centre. Les garçons continuent leur combat contre l’alcool, d’autres pour lire et écrire. Le week-end des 16 et 17 juin, c’était la fête de fin d’année, malheureusement avec peu de parents qui se sont déplacés.

Formation sur l’alcool au séminaire interdiocésain de Vohitsoa (Fianarantsoa)

Comme vous avez pu le voir si vous avez reçu le montage Power Point élaboré pour l’occasion, j’ai été amené à intervenir au séminaire interdiocésain le jeudi 31 mai. C’est vraiment un problème important ici, et pas seulement ici…

Je suis heureux de voir quelques personnes, prêtres de Fianarantsoa, catéchistes ou jeunes sessionnistes de la paroisse, avoir déjà pu faire un bout de chemin dans l’abstinence.

Ce montage diffusé dans l’Eglise de Madagascar me vaut des partages intéressants.

Lèpre

L’autre jour, en allant chercher l’eau à la fontaine, j’ai croisé Faniry, 13 ans, les pieds complètement abîmés par la lèpre, ayant déjà perdu un orteil, ayant les malléoles très entamées. Il habite à 4 maisons de la nôtre, est l’aîné de 5 enfants, et la maladie aurait démarré il y a 6 mois, selon ses parents. Il y a un centre de santé à 500 mètres, mais ses parents ne l’y ont jamais conduit car « il fait des crises » (épilepsie). Quand j’ai été voir ses parents, l’ancien instituteur d’Isaka qui est de sa famille était là et savait, mais n’avait pas bougé. Le catéchiste qui habite avec nous savait aussi, mais la même réponse a justifié l’absence d’intervention : « Mais il fait des crises ». Je pouvais vérifier ce qui m’avait déjà été dit : trop souvent, ici, les enfants souffrant d’un handicap sont abandonnés, nourris mais pas soignés, voir plus.

Il se trouve qu’il y a une lèproserie à Fianarantsoa, la lèproserie de Marana, fondée par et soutenue par l’association Raoul Follereau. Les malades y sont soignés, nourris, accueillis, habillés gratuitement. Cela m’a permis, dans ce cas, de conduire Faniry pour qu’il soit soigné. Malheureusement, il gardera des séquelles du fait du retard au traitement.

Il m’arrive souvent de voir des gens porteurs de maladies ou handicaps qui pourraient être traitées, mais de ne rien pouvoir faire du fait du coût des soins et de l’absence de possibilité d’accès aux soins pour les pauvres.

Situation politique

La « transition » s’installe depuis 2009 et l’on ne voit pas de perspective de sortie de crise. Les dirigeants s’enrichissent de manière scandaleuse tandis que les pauvres s’appauvrissent chaque jour plus.

Depuis une dizaine de jour, une bande de 300 personnes armées de kalchnikov et, dit-on, lance roquettes, qui a volé un millier de bœufs à côté de notre paroisse et tué au moins 11 personnes (7 gendarmes et 4 civils), s’est retranchée dans la montagne à 150 km de Fianarantsoa. Il est évident qu’ils ne travaillent pas pour eux mais pour des politique et un nom de quelqu’un bien connu sur Fianarantsoa et « catholique fervent » est sur toutes les lèvres.

Heureux ici et en communion avec vous en France

Si la situation politique, économique, morale, ne s’améliore vraiment pas, je suis toujours heureux ici et progresse dans la capacité à m’exprimer à défaut de vraiment comprendre ce qui se dit autour de moi, sauf quand je parle avec une personne et qu’elle fait attention à ce que je puisse suivre.

Je suis de près ce qui se passe en France et suis toujours heureux de recevoir des nouvelles des uns et des autres.

Mifampivavaka isika (prions les uns pour les autres).

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