Tavandra n° 10 – Novembre 2014

Dada, enfant épileptique vivant à la rue et apprenant le signe de croix,
baptisé à Pâques 2014 et retourné à la maison du Père en août suivant.

Etre apôtre auprès des pauvres.

Chers amis,

Nous venons de recevoir les orientations issues de l’assemblée internationale du Prado de juillet 2013 à laquelle j’ai eu la joie de participer en votre nom sur le thème : « Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus-Christ ».

Par le biais de ce numéro de Tavandra, nous invitons les équipes à entrer dans ces orientations. Vous verrez qu’il nous est proposé une réflexion sur 4 grands axes de notre spiritualité + une année de préparation de l’Assemblée Générale de juillet 2019 :

  • 2014 / 2015 : L’apôtre, notre mission auprès des pauvres.
  • 2015 / 2016 : Le disciple, la connaissance de Jésus Christ et l’Etude d’Evangile
  • 2016 / 2017 : La formation dans la vocation pradosienne
  • 2017 / 2018 : préparation de l’Assemblée Générale de juillet 2019
  • 2018 / 2019 : Vie fraternelle

Pour cette année 2014 / 2015, nous invitons les équipes à lire le document, l’introduction (p. 1 à 14), tout ce qui concerne l’apport théologal sur « L’apôtre, notre mission auprès des pauvres » (p. 15 à 31), et enfin d’utiliser les pistes proposés pour cet axe lors de vos réunions d’équipe (p. 72 à 79).

Il n’est pas possible de tout faire pendant la rencontre d’équipe et ce peut être une provocation à nous décider à préparer les rencontres par un travail personnel aussi bien d’Etude d’Evangile « de fond » que de réalisation de « récit ».

Par exemple, au cours du premier trimestre, on peut venir à la rencontre d’équipe en ayant préparé un récit sur la proposition 1 du questionnaire p. 75 : « Quelle expérience avons-nous de la communion avec les pauvres comme le lien d’une union plus forte, radicale et engagée pour réaliser la mission que nous a été confiée pour que les pauvres soient évangélisés ? » (ou des deux autres propositions).

Nous pouvons venir en partageant une Etude d’Evangile à partir d’une des pistes proposées, par exemple : Dans une lecture de l’Evangile de Luc, comment est la compassion de Jésus et jusqu’où elle le mène et l’engage ?

Dans la réunion, on pourra aussi utiliser les références proposées p. 76. Pour les autres trimestres, il y a des pistes dans les pages 77 à 79.

Vous le voyez, le document nous incite à donner plus de contenu encore à nos rencontres, en arrivant à prendre le temps de la rencontre d’équipe de manière régulière et celui de la réflexion personnelle entre les rencontres, en faisant une Etude d’Evangile de fond et pas seulement sur l’Evangile du jour, en réalisant des récits dans notre « cahier de vie ».

Si vous allez lire l’intervention du Pape François à la rencontre internationale organisée par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, du 18 au 20 septembre au Vatican, vous verrez combien la proposition du Prado International s’inscrit dans le souffle que nous propose le Pape. Il commence son intervention en nous invitant à nous laisser toucher par la compassion du Christ. Puis il continue en ces termes :

« Parfois il semble que nous soyons plus préoccupés à multiplier les activités, plutôt qu’à être attentifs aux personnes et à leur rencontre avec Dieu. Une pastorale qui n’a pas cette attention devient petit à petit stérile. N’oublions pas de faire comme Jésus avec ses disciples : après qu’ils soient allés dans les villages pour porter l’annonce de l’Évangile, ils retournèrent contents de leurs succès : mais Jésus les pris à part dans un lieu solitaire pour être ensemble (Mc 6, 31). Une pastorale sans prière ni contemplation ne pourra jamais rejoindre le cœur des personnes. Elle s’arrête à la superficie sans permettre que la graine de la Parole de Dieu puisse prendre, germer, croître et porter des fruits (Mt 13, 1-23). »

Oui, aidons-nous à devenir toujours plus de véritables « disciples-apôtres » au service des pauvres.

Père Gervais Razafitoazaza

Une partie des participants à la rencontre nationale

Attention, il faut oser, il faut être audacieux !

Au cours de notre rencontre nationale, nous avons pris le temps de la révision de vie et nous l’avons amorcée par la réalisation de « récits » sur le thème : « Une Eglise mère aux bras ouverts en conversion à partir de l’Evangile en attitude de sortie… » (Cf. Exhortation Apostolique « La joie de l’Evangile »). Ici, l’apport du Père Armand Tsontso.

Comme c’est une révision de vie, je répète ce que mon premier évêque m’avait dit :

  • Attention, il faut oser, il faut être audacieux !
  • Il ne faut pas se limiter à une pastorale d’entretien mais de fondation, d’aller à ceux qui ne sont pas chrétiens.

C’est un constat que j’ai fait à Antsohihy où je suis depuis fin 2006 : il y a des jeunes nombreux qui ne sont plus à l’école et qui ne viennent plus à l’église. Quand l’école est finie, ils ne viennent plus.

2ème chose : la pauvreté est très forte. Conséquence terrible : ce sont les élèves de nos collèges qui cambriolent en ville. Les jeunes du village qui ne font plus rien volent les bœufs.

On ne sait pas comment résoudre. Que faire ?

Chez nous, il n’y a pas de travail. C’est le chômage total. Il n’y a qu’une plantation de coton à Port Bergé. Mais chez nous, rien. Si l’on n’est pas fonctionnaire, on est chômeur.

Le grand souci, c’est l’accueil de ces jeunes. On a essayé.

D’abord, avec les catéchistes, on a essayé de repérer ces jeunes. Avec qui vivent-ils ? Avec la grand-mère, la tante ? Que désirent-ils ? On a repéré quelques noms. On a fait une rencontre avec des dames qui les connaissent dans les quartiers. Mais ça s’est arrêté là.

Deuxième essai, on a fait un projet d’éleveurs dans l’enceinte de la paroisse. Il y a eu des murmures. On a fermé les oreilles. Le groupe a commencé à 13. A la fin, ils étaient 4. On en a perdu en cours de route. Les 4 étaient des enseignants, des instituteurs. Ils voulaient aussi gagner de l’argent. Tout était réduit à zéro.

Dans les fiangonana de brousse, les gens ne font que du riz. Les zébus ? Les neveux les volent. On a fait une rencontre de toutes les fiangonana de brousse et on a décidé de planter, de faire des cultures de contre saison. Ça a commencé à marcher, à prendre.

On fait une révision. Les gens ont dit les fruits, ce qu’ils ont pu gagner, ce que ça a changé dans leur vie : la possibilité d’avoir un écolage, la possibilité d’avoir de l’argent lors de la période de soudure. Et puis, au bout de 4 ans, tout retombe. Pourquoi ? Nous ne savons pas.

On se remet à l’ouvrage. 2 familles reprennent.

On va d’échec en échec. L’Evangile porte-t-il du fruit ?

On essaie de planter des valavelona : « clôture du vent », plante qu’on utilise pour faire des haies, pour faire du feu, de la lumière. Une société espère faire du bio-carburant. L’état lui a donné des milliers d’hectares pour cela. J’ai pris contact avec le directeur pour voir qu’on puisse s’y mettre.

Ce sont les capucins qui ont fait des démarches auprès des villageois pour qu’ils acceptent de laisser leurs terrains incultivables pour planter ça. Est-ce que ça va réussir ? Je ne sais pas.

Pourquoi je cite tout ça ? Nous sommes des chrétiens, des croyants en Christ Sauveur. Le Christ laisse-t-il les gens dans la misère ? Je m’en vais, mais je vous donne l’Esprit Saint et ses 7 dons. Le don de sagesse pour réfléchir, le don de force pour agir.

Le Christ ne peut pas nous abandonner. Il est toujours avec moi, chrétien. Il est en moi, il agit en moi.

Est-ce l’échec total ? Je ne sais pas. A vue humaine, oui. Mais on verra bien.

On fait le catéchisme, mais on ne s’en tient pas là. Et dans le catéchisme, on incite les chrétiens à devenir exemple pour les autres, à faire pour que les autres voient. C’est ça être lumière du monde. Il faut améliorer ta vie et celle des autres, maintenant, et après l’éternité avec Dieu. « Fais ça, et tu n’iras pas voler les bœufs. D’abord les poules et les bœufs après. On a visité les plantations avec les catéchistes. »

Quelques points relevés en écho à l’apport d’Armand Tsonto :

Il faudrait retranscrire tout ce qui a résonné dans le cœur des participants à cette révision de vie. On trouvera ci-après ce que le Père Michel Delannoy, responsable général présent dans cette équipe, nous a partagé :

  • En t’écoutant, j’entends le « Que voyons-nous » du Père Chevrier…
  • Ce regard sur la vie…
  • L’intérêt porté aux jeunes n’est pas banal. Pourquoi s’intéresser aux gens ? On pourrait vivre seul. Si nous sommes croyants, on doit être tourné vers les autres. Aller à ceux qui ne sont pas chrétiens. Et ça commence par le regard, et pas un regard qui rejette, qui dit qu’il n’y a rien à faire. On voit la difficulté, les atouts, les échecs aussi, des jeunes qui volent, mais on s’intéresse à leur vie. On entre dans le regard de Dieu sur le monde.
  • Ne pas rester indifférent à la pauvreté. On s’intéresse à la pauvreté. C’est avoir le cœur de Jésus pour les pauvres. C’est une Bonne Nouvelle pour l’Eglise quand nous ne passons pas à côté du pauvre. Ne pas abandonner à travers les échecs.
  • Un « Que voyons-nous ? » qui est porté ensemble, avec les autres
  • Et porté par la foi : le Christ ne peut pas nous abandonner et il nous donne son esprit.
  • A travers cela, je voyais aussi le Tableau de Saint Fons : la crèche, la croix et le tabernacle
  • Crèche : pauvreté des jeunes, et nos pauvres moyens
  • Croix : à travers les échecs. Le Christ s’est aussi relevé par 3 fois. Ne pas abandonner. Mais aussi, à travers la croix : se relever. Que de réunions où l’on aurait pu abandonner, et on est là.
  • Tabernacle : l’espoir est resté tout du long, et tout le travail malgré les échecs a produit du fruit, a formé quelque chose dans la communauté. Il n’y a pas de récolte, mais des gens se sont retrouvés, ont travaillé ensemble.
  • Des textes de l’Ecriture
  • Confiance, n’aie pas peur
  • Ils jettent les filets… même si ça ne donne pas grand chose. Ils jettent les filets sur sa Parole.
  • Le Christ à la multiplication des pains : il n’y avait que 5 pains et 2 poissons… Donnez-leur vous-mêmes à manger… Devant tant de pauvreté, on peut dire : « Dieu, fait quelque chose », et il nous répond « faites vous-mêmes » et aussi « donnez-vous vous-mêmes en nourriture »
  • L’Exhortation Apostolique « La joie de l’Evangile » : Eglise en sortie appelée à s’appuyer sur la Parole.

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Célébration de l’engagement

Engagements célébrés

  • Père Lambert Placide Emanahavelo, du diocèse de Toliary, a fait son engagement perpétuel dans l’association des prêtres diocésains du Prado à Antsirabe le jeudi 24 juillet 2014.

Dates à retenir

Semaine de spiritualité pradosienne et rencontre nationale à Antananarivo du lundi 13 au soir au lundi 20 juillet 2015 au matin (lieu dans Antananarivo précisé plus tard).

Cette année, tous sont invités à venir à l’ensemble de la semaine de spiritualité pradosienne qui fera aussi office de rencontre nationale. Cette rencontre s’adresse aux prêtres pradosiens ou prêtres diocésains qui veulent connaître, ainsi qu’aux séminaristes déjà en théologie.

Comme les autres années, nous ferons une péréquation des frais de transport et il n’y aura pas de frais de pension car ils sont pris en charge par des dons reçus. Ceux qui habitent à côté participeront aux frais de ceux qui viennent de loin vivant ainsi l’Evangile. Celui qui aurait des difficultés financières sera aidé de manière à ce que la question financière n’empêche personne de venir.

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