Chers Edouard et Agnès,
Un ami diacre disait qu’être ministre de la Parole, ce n’était pas d’abord parler mais donner la parole à l’autre, lui permettre de dire ce que l’Esprit Saint avait mis dans son cœur. Vous avez préparé votre mariage avec le Père Jean-Baptiste Arnaud, et il est présent avec nous par la prière. Pour préparer la célébration, vous m’avez partagé quelque chose de ce chemin de préparation. Vous m’avez autorisé à partager quelques-unes de vos expressions. Il y en a eu bien d’autres et je vous les ai redonnées pour que vous les relisiez tout au long de votre vie, au moment des anniversaires de mariage, au moment aussi des tempêtes.
En citant maintenant quelques-unes de vos expressions, je ne vous mets pas en avant. Je ne parle pas de vous, mais je vous redonne quelque chose du don du Saint Esprit que vous dites avoir reçu à travers ceux qui vous ont donné la vie, ceux qui ont cheminé avec vous depuis votre naissance, nombre de ceux qui vous entourent ici aujourd’hui. C’est un cadeau pour nous tous ici présents.
Edouard, tu disais :
« Le mariage, c’est un engagement, c’est une vocation. Et il n’y a pas d’engagement, sans un minimum de préparation. Aussi, à l’appel de l’Eglise, depuis un an nous nous arrêtons à deux chaque semaine avec le « carnet des fiancés » pour partager sur diverses questions et sur la Parole de Dieu. Pour vivre un engagement ferme et définitif autour des 4 piliers du mariage, signer un CDI, pas seulement décider de se mettre ensemble, mais se marier, se donner pour la vie, il y a tout un travail préparatoire à faire. »
Je ne peux que vous souhaiter de continuer ces rencontres hebdomadaires pour partager sur votre vie et de manière plus longue sur la Parole de Dieu, et je vous invite aussi à prier ensemble chaque jour avec la parole de Dieu.
Agnès, tu as pris le temps de faire une retraite de discernement de 5 jours et tu dis :
« J’ai eu la surprise de découvrir que la question fondamentale à laquelle je devais répondre n’était pas d’abord de savoir si j’allais m’engager ou non avec Edouard pour le reste de ma vie, mais celle du sens de ma vie, de son orientation fondamentale. La réponse à cette question était d’une évidence cuisante, la chose essentielle de ma vie est le Christ, qui m’attend à l’horizon de mon chemin, un horizon de lumière et d’amour.
La seconde phase de mon discernement m’a fait prendre conscience de la force que c’était d’avoir Édouard à mes côtés pour avancer sur ce chemin de sainteté. Mon « coéquipier » est, par son enthousiasme et son exigence, un moteur pour mes jours de flemme à aller vers l’autre, un coup de pied dans la fourmilière de ma tiédeur à rayonner de l’amour du Christ autour de moi. »
Et tu continues plus loin, dans ta déclaration d’intention :
« Depuis que j’ai posé ce premier oui des fiançailles, je fais régulièrement le point sur cette liberté profonde que j’ai découverte, pour en garantir l’authenticité et la vérité jusqu’au moment du « oui » définitif. Dans mon cheminement, j’ai été guidée par la radicalité de l’engagement, par l’indissolubilité du mariage. Toutes les mauvaises raisons de la terre, qui peuvent fausser un engagement ordinaire s’envolent face au poids de l’engagement définitif. Seules restent alors des raisons qui ne se patineront pas avec le temps.
L’indissolubilité du mariage chrétien en est pour moi sa force même. Elle a été la raison même de la profondeur de mon discernement, et sera ce qui me permettra, jour après jour, de rester fidèle à mon engagement. Sur mon chemin vers le Christ, la fidélité à laquelle je m’engage par mon mariage participe de mon désir d’unifier chaque jour un peu plus ma vie, de l’orienter de mieux en mieux. Et pour que ma vie reste féconde malgré les difficultés de la vie, je m’efforcerai à ce que la parole de Dieu et l’exemple du Christ, soient mon ancrage pour semer la bienveillance, la confiance et le pardon. »
Vous avez choisi l’Évangile des talents et je vous laisse le commenter. Edouard, tu disais :
« Le premier réflexe des gens, c’est de dire : ‘Tu me donnes un talent, je t’en rends un !’ Spontanément, je commence par voir les talents à mon service et non pas au service des autres, et je ne perçois pas ce facteur multiplicateur. Dans le mariage, on se rend compte qu’on se fait grandir l’un l’autre. Seul, je redonnerais un talent, dans le mariage, en en recevant un, je me vois en donner 5 avec Agnès.
Et vous dites encore :
« L’autre arrive à me bouger dans mes retranchements et à me rendre capable de donner plus que ce que je pourrais faire tout seul. Le mariage chrétien, c’est un talent qu’on a reçu de nos familles et un don qu’on veut faire fructifier autant entre nous que comme témoignage envers tous les gens qu’on croise. C’est par l’autre que l’on arrive à atteindre les objectifs qu’on ne pourrait atteindre.
Pour faire grandir ce don, on voudrait s’exercer à être humble l’un envers l’autre, ne pas rester sur des différents, à ne jamais rester bloqués dans une posture d’orgueil. On a le réflexe de se mettre le plus vite possible dans la position de l’autre pour comprendre et le pardon, c’est un point central.
En choisissant le sacrement et l’indissolubilité, nous choisissons de nous aimer pour toujours, sans échappatoire en cas de crise. Cela te force à aller au bout du choix, cela ouvre à une liberté plus profonde, à ne pas être prisonnier de la tempête du moment.
Le sacrement du mariage nous en donne la force. Une vie de couple dans la durée, c’est difficile. Nous avons besoin de la force de l’Esprit. En nous engageant, en nous engageant dans l’Eglise, Nous avons un guide qui est Jésus, et un outil qui est la parole de Dieu pour arriver à nous orienter sur notre chemin de sainteté.
D’aller à la messe, de regarder l’attitude de Jésus, (de recevoir le sacrement de réconciliation), c’est ce qui me permet de me retourner vers l’autre, de choisir la paix et l’amour, de m’orienter sur le même chemin que Jésus. Et même si on le sait, on a besoin de piqûres quotidiennes pour le faire. Les fruits de la lecture de l’Évangile, nous donnent envie de le faire ensuite.
Agnès et Edouard, vous avez conscience que la force se reçoit de ce lien au Christ et vous dites :
Ce qu’on n’arriverait pas à faire avec nos seules forces, nous voulons nous efforcer de le vivre sous le regard de Dieu, faire comme nos parents, grands-parents : fonder une famille. Ça fait partie de l’héritage, des talents reçus. D’avoir des parents croyants et mariés rend plus facile pour nous de s’engager à l’Eglise que pour d’autres.
Tu te maries en Dieu et pas seulement devant Dieu. Il est le lien entre nous. Avec nos petites forces, la meilleure garantie qu’on puisse avoir, c’est de se mettre sous le regard du Christ, de regarder tout à partir du Christ. Qu’aurait fait Jésus à notre place ? Ne pas juger d’abord sur des critères sociaux mais à partir du regard du Christ. L’Évangile, ce n’est pas un concentré de préceptes, mais la rencontre de Quelqu’un. La figure du Christ, ses attitudes, ses paroles sont autant de lumières pour la route.
Si notre mariage se dégrade et qu’on finit par se couper l’un de l’autre, et qu’on se retrouve en crise, nous souhaitons nous remettre devant le Christ, prendre conscience et trouver la force de se relever en regardant Jésus dans l’Évangile.
Dans les retraites, les camps du mej, nous faisons l’expérience que Jésus parle, agit, aujourd’hui. Au quotidien, nous l’oublions plus vite.
Nous croyons en Dieu qui nous rend libre, ne trace pas toute la route pour nous, ne planifie pas tout, mais nous a aidés dans le choix l’un de l’autre. Aujourd’hui, nous sommes en situation de nous recevoir l’un l’autre comme don de Dieu. »
Edouard, tu disais dans ta déclaration d’intention, et cela rejoint ce que disait Agnès avec d’autres mots :
« Ainsi, c’est en toute liberté que je désire épouser Agnès. Je m’engage à l’aimer et la soutenir tout au long de ma vie. Je lui promets de lui rester fidèle par amour pour elle. Je désire dans cet amour accueillir la vie. Je souhaite transmettre à nos enfants, animé par une foi commune, les valeurs chrétiennes que nous avons reçues et mûries ensemble.
Je souhaite fonder un foyer où règne l’amour et le respect, tourné vers notre famille et entourage. Je veux enfin fonder un foyer témoin du message du Christ, et participer à sa transmission aux hommes. »
Agnès et Edouard,
Je m’arrête là. Je vous laisse lire et relire le passage de la lettre aux Colossiens, il dit en d’autres mots ce que vous souhaitez vivre. Je vous invite à lire et relire l’exhortation apostolique du Pape François « La joie de l’amour »[1] et je prie l’Esprit Saint d’inscrire en vous l’hymne à l’amour de Paul commenté par le Pape au chapitre 4 de cette exhortation (90 à 122).
Je le prie d’inscrire en vous l’Évangile des Talents que vous avez choisi et commenté et que vous souhaitez vivre. Le Pape François dit que l’amour vécu en famille dans le sacrement du mariage est la meilleure image et ressemblance de la Sainte Trinité. Je le cite :
« C’est dans la famille humaine, réunie par le Christ, qu’est restituée ‘‘l’image et la ressemblance’’ de la Sainte Trinité (cf. Gn 1, 26), mystère d’où jaillit tout amour véritable. Par l’Église, le mariage et la famille reçoivent du Christ la grâce de l’Esprit Saint, pour témoigner de l’Évangile de l’amour de Dieu » (La joie de l’amour, 71)
Merci pour le don que vous nous faites en acceptant le don de Dieu dans le sacrement du mariage. Je crois ne trahir personne ici, en vous disant notre engagement à vous accompagner sur ce chemin que vous prenez, pas seulement aujourd’hui, mais chaque jour, et plus encore dans les jours où vous ferez forcément l’expérience de la tempête.
Père Bruno Cadart
[1] Elle est disponible en version avec tous les paragraphes sous-titrés pour faciliter la lecture en écrivant à cadartbruno@gmail.com