L’élection du Pape François
don et appel de Dieu sur le chemin de la pauvreté évangélique et du service
Le choix de Benoit XVI
Nous venons de vivre une succession d’évènements forts : d’abord Benoit XVI qui choisit dans la prière de renoncer à sa charge eu égard à son âge, signe de sa grande humilité et de sa confiance dans l’Esprit Saint, décidé à servir autrement, par la prière.
Mettre les pas de toute l’Eglise dans ceux de François d’Assise
Il y a eu la période où les médias nous parlaient des papabile, et puis nous recevons le Cardinal Jorge Maria Bergoglio dont personne ne parlait. Il choisit le nom de François, un saint qui, dans une période de crise sociale et ecclésiale très forte, a pris l’Evangile au sérieux jusqu’à porter les stygmates du Christ, à devenir un autre Christ, pour reprendre les mots d’Antoine Chevrier. C’est tout un programme qui nous touche particulièrement comme pradosiens, nous qui sommes membres de la famille franciscaine. En effet, Antoine Chevrier était membre du 1/3 ordre franciscain et a inscrit le Prado dans cette même dynamique de l’Evangile comme règle de vie au milieu des pauvres à l’école de François d’Assise.
Le Père Jorge Maria, comme il aime être appelé, a eu des gestes symboliques forts et qui s’inscrivent dans son histoire personnelle engagée depuis longtemps au milieu des pauvres : le refus de mettre d’autres souliers que ceux qu’il avait et de changer la croix qu’il avait déjà pour une croix en or, le souci d’aller payer sa note à l’hôtel, la liberté par rapport au « fomba » comme le fait d’aller s’asseoir à côté de Benoit XVI, de s’engager dans la foule, de terminer sa bénédiction avec ses mots très quotidiens : « Bon dimanche et bon déjeuner ! »
Appelé cardinal, il avait demandé et obtenu l’autorisation de ne pas se rendre à Rome en pleine crise économique forte à Buenos Aires et de donner le prix du voyage pour les pauvres. Il avait quitté le palais épiscopal pour habiter un logement simple au milieu des pauvres et n’avait pas de chauffeur, se déplaçant à pied, en bus ou en métro.
Quand on voit la joie que ces choix provoquent y compris chez les non-croyants, il y a une vraie provocation pour nous pradosiens : comment essayons-nous de vivre la pauvreté évangélique et de nous lier aux plus pauvres en n’ayant pas peur d’être en contradiction avec les « fomba » et attentifs, comme notre pape, à ce que ces choix naissent d’un lien profond au Christ et aux pauvres ?
L’Église est appelée à sortir d’elle-même pour aller jusqu’aux périphéries
De ce lien étroit au Christ et aux pauvres, naissent des paroles fortes. Je garde d’abord cette note écrite pour préparer son intervention devant les autres cardinaux avant que le moment de l’élection ne commence :
« On fait référence à l’évangélisation. C’est la raison d’être de l’Église. ‘La douce et réconfortante joie d’évangéliser’ (Paul VI) C’est le même Jésus-Christ qui, de l’intérieur, nous pousse. 1 – Évangéliser suppose un zèle apostolique : Évangéliser suppose que l’Église ait la liberté de sortir d’elle-même. L’Église est appelée à sortir d’elle-même pour aller jusqu’aux périphéries, pas seulement les périphéries géographiques, mais aussi les périphéries existentielles : là où réside le mystère du péché, de la douleur, des injustices, de l’ignorance et du mépris du religieux et de la pensée, là où résident toutes les misères. 2 – Quand l’Église ne sort pas d’elle-même pour évangéliser, elle devient son propre référentiel et donc tombe malade (…) 4 – À propos du prochain pape: il faut un homme qui, partant de la contemplation de Jésus-Christ et de l’adoration de Jésus-Christ, aide l’Église à sortir d’elle-même pour aller jusqu’aux périphéries existentielles, qui l’aide à être la mère féconde, vivant de “la douce et réconfortante joie d’évangéliser » (Note transmise au Cardinal Cubain Jaime Ortega et rendue publique avec l’accord du pape).
Depuis, toutes les interventions du Pape François appellent à aller vers les plus pauvres, les plus loins, à révéler l’amour du Christ, sa miséricorde, à le révéler par tout notre être, toute notre vie, et pas seulement par des mots, une vie qui ne soit pas double, à le révéler en étant profondément lié au Christ contemplé dans l’Ecriture.
L’onction d’amour du Christ doit sortir de notre être de prêtre
A la messe chrismale, lui qui aime à se présenter comme « évêque de Rome », resituant la place du Pape de manière plus humble, plus œcuménique aussi, disait aux prêtres de son diocèse de Rome :
« L’image de l’huile qui se répand – qui descend de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements… On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle. Nos fidèles apprécient l’Evangile annoncé avec l’onction, lorsque l’Evangile que nous prêchons, arrive jusqu’à sa vie quotidienne, lorsqu’il touche comme l’huile d’Aaron aux extrémités de la réalité, lorsqu’il illumine les situations limites, les ‘périphéries’ où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi. Les fidèles nous en remercient parce qu’ils ressentent que nous avons prié avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances. Et lorsqu’ils ressentent que le parfum de l’Oint, du Christ, arrive à travers nous, ils sont encouragés à nous confier ce qu’ils veulent faire arriver jusqu’au Seigneur : « priez pour moi, père, car j’ai tel problème… » ; « bénissez-moi » et « priez pour moi », sont des signes de ce que l’onction est parvenue jusqu’à l’extrémité du manteau car elle est transformée en demandes.
Je note que lui-même n’a pas eu peur, lors de sa première apparition au balcon comme pape, de demander cette prière pour lui, ce qui nous a tous bouleversés, mais je lui redonne la parole :
Lorsque nous sommes dans ce rapport avec Dieu et avec son peuple et que la grâce passe à travers nous, alors nous sommes prêtres, médiateurs entre Dieu et les hommes. Ce que j’entends souligner c’est que nous avons toujours à raviver la grâce et discerner en chaque demande, parfois inopportune, parfois seulement matérielle ou même banale – mais elle l’est seulement apparemment -, le désir de nos fidèles de recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous la détenons. »
S’adressant à des évêques espagnols à qui il prêchait une retraite, il dit sans détour :
« Les antéchrists sont parmi nous : ce sont ceux d’entre nous qui se sont lassés de l’humilité du Christ… »
Vous associer à l’assemblée du Prado par la prière et en participant à la semaine de spiritualité
J’aimerais citer toutes ses premières interventions, mais je vous invite à les lire, à les laisser nous questionner dans ce moment où nous préparons l’Assemblée Générale du Prado qui doit élire un nouveau responsable du 2 au 19 juillet sur le thème : « Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus-Christ ». Vous savez que je représenterai le Prado de l’Océan Indien (Madagascar et la Réunion) à cette Assemblée et je compte sur chacun de vous pour nous porter très fort par la prière. Nous voyons ce que la prière des chrétiens du monde entier nous a donné comme pape !
Je compte sur vous pour vous unir à nous qui serons réunis à Limonest en participant tous à la semaine de spiritualité à Antsirabe. Vous verrez par ailleurs, qu’en raison des élections présidentielles, la rencontre nationale qui devait suivre a été annulée. Vous trouverez ci-après d’autres récits sur notre thème. Continuez à en écrire, à en envoyer, à laisser l’Esprit Saint les inscrire en vous et autour de vous. Laissons l’Esprit de Pentecôte, qui agit d’autant plus que nous mettons vraiment nos pas dans ceux du Christ pauvre, nous conduire pour « Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus-Christ ».
Père Gervais Razafitoazaza
Responsable du Prado de Madagascar
Annoncer la richesse de Jésus Christ aux pauvres en me faisant pauvre avec les gens |
Voici quelques partages sur mon ministère dans les lieux où je travaille. Dans mon premier poste (2008 – 2010), j’ai travaillé dans le district comme vicaire. Je me suis occupé de la brousse, parfois devant aller ou marcher à pieds. Je n’ai pas oublié notre charisme de s’approcher des pauvres, voilà mon obligation. Ce n’est pas facile de faire la pastorale dans la brousse, surtout dans notre région plus dangereuse contenant des voleurs de bœufs qui ne tolèrent pas n’importe qui. Dans cette région, 99 % des gens sont pauvres, misérables. Ils ne trouvent pas de quoi manger. Même les maisons pour dormir ne sont pas toutes neuves. A chaque fois où je descends là, je me rappelle notre spiritualité de se faire pauvre pour avoir les pauvres afin qu’ils puissent trouver la richesse de Jésus Christ.
Alors j’ose dire devant vous que bon nombre sont convaincus de ma pastorale parce que je me suis abaissé devant eux. Je mangeais tout ce qui y existe. Je dors sur la terre pendant une semaine. C’est ainsi que Jésus dit : « Le Fils de l’Homme n’a pas où il repose sa tête. » Alors beaucoup de gens viennent à sa recherche et à sa rencontre.
François d’Assise, Morombe
Annoncer la richesse de Jésus Christ aux pauvres en fondant une école
Un récit que j’ai vécu. Dans un lieu où je fais mon ministère, il y a un petit village qui est nommé Ambalavy, dans la région où il y a les mines de saphir (Sakaraha). En faisant la tournée sur ce lieu, je traverse une rivière pour aller de l’autre côté, là où il y a le village. Je trouve des enfants qui se baignent dans l’eau. Ils ont entre 5 et 12 ans. Je me suis dit dans mon cœur : « Comment sera donc l’avenir de ces enfants là si tout cela continue ? Car, chez eux, il n’y a pas d’école. »
En trouvant cela, je me dis dans mon cœur que ça serait bien qu’ils aillent à l’école, surtout à l’école catholique, pour qu’ils puissent avoir des connaissances surtout basées spirituellement.
Lors de ma deuxième tournée, je réussis à réunir les parents dans ce village sans distinction de leur foi. Je leur expose une proposition d’ériger une école catholique ici. Donc on a décidé ensemble de mettre une école dans ce village.
Dans ma tournée suivante, je remarque déjà que beaucoup d’enfants vont maintenant à l’église. De même, je trouve aussi leurs parents avec nous dans l’église. C’est une sorte d’évangélisation surtout avec les pauvres.
Devant tout ce fait alors, je constate que les gens qu’on a trouvés et qui sont pauvres spirituellement ont petit à petit goûté la richesse de Jésus Christ par l’intermédiaire de notre pastorale. Ce n’est pas facile mais cela demande toujours des renoncements à soi : c’est la croix.
Pour moi, ici, notre collaboration, notre union et notre solidarité sont des démarches très importantes avec les gens avec qui nous travaillons. Je suis chez eux dans ce temps pour la Bonne Nouvelle et pour le travail du Seigneur. Je suis heureux avec eux.
Denis Saotra, Toliary
Dates à retenir :
Assemblée du Prado international :
- Du 2 au 19 juillet 2013 à Limonest (Lyon)
Semaine de spiritualité pradosienne à Antsirabe (foyer de charité)
- Du lundi 15 au soir au lundi 22 juillet 2013 au matin, pour les prêtres en Première Formation et pour tous ceux qui voudraient s’aider à découvrir ou approfondir le charisme du Père Chevrier en plongeant dans les Constitutions.
Comme les autres années, nous ferons une péréquation des frais de transport et il n’y aura pas de frais de pension car ils sont pris en charge par des dons reçus. Ceux qui habitent à côté participeront aux frais de ceux qui viennent de loin vivant ainsi l’Evangile. Celui qui aurait des difficultés financières sera aidé.
En raison des élections présidentielles la Rencontre Nationale à Antsirabe qui devait suivre la semaine de spiritualité est annulée
Prochain Conseil du Prado de Madagascar
- Du lundi 28 au soir au mercredi 30 octobre 2013 au soir
Rencontre évêques et vicaires généraux :
- Jeudi 31 octobre et vendredi 1er novembre 2013
Publication |
« Lahatsoratra momba ny fiainam-panahin’i Mompera Chevrier » Mpanorina ny fianakaviana ara-panahin’ny Prado
- Le livre est disponible auprès des prêtres et des sœurs du Prado On le trouvera aussi dans nombre de librairies religieuses. N’hésitez pas à inciter les librairies religieuses à le diffuser. Prix : 4 000 Ariary, 128 pages.