Pourquoi demander des aides. Motivations en 2015

Au 11 août 2015, je changerai de mission et assurerai la responsabilité du séminaire international du Prado à Limonest (Lyon, France). Je garde cependant un lien avec Madagascar et laisse en ligne ce que j’écrivais sur la manière de me situer par rapport aux dons avant de changer de mission.

Régulièrement, des gens me demandent comment ils pourraient soutenir ma mission à Madagascar, faire des dons. Aussi voici quelques réflexions sur la manière de me situer et de faire peu appel à des dons, et, sans avoir peur des contradictions, pourquoi j’accepte ces propositions, à quoi les dons seront destinés, comment les faire parvenir. Vous trouverez les bilans financiers 2015, 2014 et 2013 ainsi que la lettre de voeux de fin 2014 qui rendent compte des dons reçus et de ce qui a été réalisé.

Vous verrez que tout ce qui a été reçu a été redonné et même bien au-delà, puisqu’au 1er août 2015 il y a un déficit de 4 436,14 € ce qui va rendre difficile le soutien commencé auprès des jeunes.

1. Pourquoi je faisais peu appel à des dons

1ère raison:

Quand on regarde tout le travail remarquable fait par de nombreuses O.N.G. et par l’Eglise, même si beaucoup de choses émerveillent, il est difficile de ne pas voir la limite des résultats malgré toutes les précautions:

– les aides accentuent la tentation d’attendre tout de l’extérieur,

– il est difficile que les choses soient ensuite vraiment prises en main localement et dès qu’il n’y a plus de présence extérieure on voit les projets s’arrêter, l’entretien ne pas être fait.

Ce sont d’abord les coeurs qui sont appelés à changer pour que, par exemple, les ponts ne soient plus détruits, les aides ne soient plus détournées, les feux de brousse s’arrêtent,

2ème raison:

Si, comme prêtre européen j’arrive avec plein de possibilités, je me retrouve séparé de mes frères prêtres malgaches et je perds toute possibilité de cheminer vraiment avec eux, « Ah, lui il peut, parce qu’il a des moyens. » Je suscite aussi des envies, des jalousies, et ma relation avec mes frères prêtres s’en trouve faussée.

2. Pourquoi j’accepte et ose demander des aides, et à quoi elles pourront servir

Il y a cependant des « coups de pouce » qui pourraient m’aider dans ma mission ici.

2.1 Soutenir dans la mise à disposition de la Bible ou du Nouveau Testament

Vous trouverez copie d’une lettre adressée à la la paroisse Sainte Thèrese en Vallée d’Avre (diocèse de Chartre) qui explique l’enjeu de ce projet qui est celui pour lequel j’ai le plus de besoins actuellement. Les jeunes de la Vallée d’Avre trouveront aussi un grand merci pour leur don de mai 2014. Vous trouverez aussi dans le récit sur les théâtres d’Evangile ou celui sur les missions, ce qui m’amène à me battre pour que les gens aient la Bible ou au moins le Nouveau Testament chez eux.

Je vends 3000 Ariary (1000 Ariary aux jeunes du Centre d’Ikalalao et du Mej) le Nouveau Testament acheté 7000 Ariary, 8000 Ariary la Bible achetée 15000 Ariary

(en simplifiant, 1 € = 3000 Ariary)

Avec le temps, avec la fondation des « Fiangonana Fototra », Communautés de base dans tous les quartiers et hameaux appelées à se réunir chaque jeudi pour partager autour de la Pardole de Dieu, de prier et de voir ce qu’on peut améliorer dans la vie, la demande augmente sérieusement, et j’ai du mal à faire face tout seul.

2.2 Soutenir l’impression en malgache de documents du Prado et soutenir l’action de soutien aux prêtres à Madagascar et au Mozambique

La moitié de ma mission est au service des prêtres du Prado à Madagascar, ce faisant de l’ensemble des prêtres et des chrétiens au service desquels sont ces prêtres.

Les écrits du Père Chevrier aident à se questionner sur toute la vie du prêtre (annonce de l’Evangile, vie avec les pauvres, vie affective, rapport à l’argent, au pouvoir). Ils nous aident à nous convertir et à essayer de suivre le Christ pauvre vivant au milieu des pauvres. Les prêtres malgaches des nouvelles générations ont de grandes difficultés à lire en français. Que dire des laïcs ou des soeurs du Prado qui trouvent aussi dans ces écrits une source pour s’engager au service de leurs frères à la suite de Jésus.

Nous venons d’éditer en malgache le livre paru en français aux éditions du Cerf sous le titre: « Antoine Chevrier, Ecrits spirituels »

Coût de l’impression 1 150 €. Nous avons deux autres projets en cours: l’édition d’une histoire du Père Chevrier par le Père Berthelon en malgache, et des lettres du Père Chevrier en version bilingue.

En 2014, vos dons ont permis la réalisation de la Semaine de Spiritualité Pradosienne (14 au 21) suivie de la rencontre nationale (21 au 25) à Antsirabe et ont couvert les frais de pension, tandis que les prêtres ont assuré en faisant une péraquation les frais de transport pour venir. Nous avons lu l’exhortation apostolique du Pape: La joie de l’Evangile.

A Madagascar, au Mozambique, dans des pays où il n’y a plus d’état digne de ce nom, où la corruption et le mensonge gangrènent toute la société et forcément un peu l’Eglise qui vit dans ce monde difficile, soutenir des prêtres pour qu’ensemble nous nous aidions à nous lier le plus possible au Christ et aux pauvres, c’est aussi une manière de lutter contre la pauvreté qui n’est pas d’abord économique, même si elle l’est, mais qui est aussi morale.

2.3 Soutiens à la formation de quelques jeunes ou familles en difficultés, soutien au Centre de Promotion Rurale d’Ikalalao, aides ponctuelles pour des malades

Bien que j’avais fait le choix de ne pas donner à telle ou telle personne, parce qu’il faudrait donner à tous, et pourquoi donner à un et pas à l’autre, et parce qu’il faut vivre aussi avec des contradictions, il m’arrive d’apporter un appui à telle ou telle famille en situation très difficile et pour laquelle il y a un accompagnement possible.

Les critères de choix:

– que j’ai pu repérer qu’il y a chez ce jeune des capacités et des signes de vérité et d’aspiration à se mettre debout, à construire sa vie au service des autres;

– qu’il y ait un suivi de près possible, un accompagnement du jeune ou de la famille aidée,

– que l’aide apportée soit momentanée et permette ensuite une autonomie ou la réalisation d’un projet qui aurait été impossible sinon.

– que ce soit un jeune particulièrement pauvre. Beaucoup de ceux qui sont aidés sont orphelins de père ou/et de mère.

Plusieurs jeunes auraient souhaité être religieuses ou prêtres et ont déjà fondé une fiangonana fototra (communauté de base) et une équipe FET (équipe du Mouvement Eucharistiques des Jeunes) dans leur hameau, font un cahier de paroles de vie et sont sessionnises à Ikalalao. Tous ont en commun d’avoir dû arrêter d’étudier à cause de la crise, des criquets et pour presque tous, de la mort d’un des deux parents. J’assure des coups de pouce au cas par cas.

L’an dernier, c’est Florentine que j’avais aidée à se former et à réaliser son rêve: pouvoir devenir religieuse alors qu’elle n’avait pas étudié au delà de la 7ème. Elle n’est pas encore au noviciat mais en stages chez les Soeurs du Prado. Elle a fait un premier stage à Kianjavato, puis à côté de Diego, dans une communauté de soeurs du Prado au service de lépreux et qui travaillent la terre pour vivre, mais aussi au centre de Formation St Benoit à Fénérive Est. Tous ceux qui l’ont cotoyée dans les divers lieux où elle est passée témoignent de la joie qu’elle donne. Je l’avais repérée au centre de Promotion Rurale d’Ikalalao par sa présence discrète et entrainante pour tous. En juin 2012, je l’avais vue animer avec beaucoup d’assurance et d’amour une équipe d’enfants lors de la retraite de première communion. Je souhaitais lui dire combien j’étais impressionné par son rayonnement et elle est entrée dans le réfectoire de la maison des prêtres en disant: « J’aurais voulu être religieuse, mais ma maman m’a dit que j’étais trop pauvre parce que je n’avais pas étudié. »

En décembre 2014, ce sont une douzaine de jeunes qui bénéficient d’aide pour leurs études, soit juste les frais scolaires, soit l’intégralité de leurs frais y compris de logement et nourriture. (voir lettre de voeux de Noël 2014)

Il y a aussi des coups de pouce pour le Centre d’Ikalalao, comme l’achat de matériel pour la réalisation de panneaux de basket, l’achat de livres pour le centre.

S’y sont ajoutés des aides pour des soins: aide à la famille d’un enfant de 7 ans pour le visiter chaque mois au préventorium des Soeurs Carmélites où il va séjourner pendant 2 ans et être soigné pour des piedbots. Diverses aides de ce type.

2.4 Vos dons m’ont permis d’imprimer un livre d’information et d’appel sur la maladie alcoolique – Merci à vous !

Il y a un problème d’alcoolisme majeur qui touche l’ensemble de la société et une méconnaissance de ce qu’est la maladie alcoolique.

Voilà vraiment un domaine où je peux aider des gens à se relever par eux-mêmes et sans argent… ou presque, où je peux mettre à profit ma formation médicale et les 30 ans à Vie Libre.

Les dons reçus suite à une souscription lancée par des militants de l’A.C.O. ont permis d’imprimer 5 0000 exemplaires du livre « Pour que des prophètes se lèvent et parlent par rapport à la maladie alcoolique », livre écrit en malgache.

Le jour où le stock sera épuisé nous verrons pour le rééditer. Mais nous n’en sommes pas là.

Note: au moment de partir, pour que les livres ne restent pas à pourrir quelque part, j’ai réparti le stock auprès de divers prêtres, religieuses, laïcs consacrés, qui avaient entammé le même travail là où ils sont et qui utilisaient déjà le livre.

3. Merci… et unis dans la prière… Accès au bilan chiffré tenu à jour régulièrement

Soyez d’avance remerciés, et n’oubliez pas que le premier soutien, c’est la communion de prière.

Vous trouverez le compte rendu des entrées et sorties.  Il est mis à jour à la fin de chaque année.

Ce site internet a notamment ce but, de vous permettre de connaître ce que nous vivons ici, de nourrir notre union dans la prière, de vous inviter à prier pour ce peuple qui devient petit à petit le mien, qui a une joie communicative et accueillante étonnante, qui souffre en même temps au-delà de l’imaginable.

 

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