Tavandra n° 8 – Novembre 2013

« Aller, de toute les nations faites des disciples »

Chers amis,

Evêques, Prêtres, Sœurs et Frères, Laïcs, pradosiens et pradosiennes, et vous tous qui recevez ce numéro de Tavandra, à l’issue de notre conseil du Prado de Madagascar, nous sommes heureux de vous adresser à tous nos vœux de salut, paix et joie dans le Seigneur !

« Allez, de toute les nations faites des disciples » (Mt 28,19). Voilà le thème des JMJ de Rio de Janeiro par lequel le Pape François a fait réentendre l’urgence de cette grande et sainte mission aux plus de trois millions de jeunes rassemblés à Copacabana et à nous tous à travers le monde. Cet appel concorde bien avec le thème de l’assemblée Générale des prêtres du Prado qui a eu lieu à Lyon du 2 au 19 juillet 2013 : « Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus Christ » (cf. Eph 3,8).

Durant cette assemblée, nous avons vécu un moment très fort, spirituellement, ecclésialement et fraternellement. Par ce numéro de notre bulletin de Tavandra, nous voulons vous inviter à entrer dans ce partage vécu par les délégués à Lyon.

Vous trouverez deux documents : la lettre pour les amis et pradosiens du mode entier et les convictions que nous avons retenues au terme de cette Assemblée pour guider notre route pour les 6 ans à venir.

En conseil, nous avons pris le temps de les lire, puis nous avons partagé en quoi elles nous touchaient. Nous vous invitons à entrer dans la même démarche dans vos équipes. Nous avons aussi pris le temps de « l’Etude d’Evangile sur les Actes des Apôtres », comme l’ont fait ceux qui ont fait la semaine de spiritualité à Antsirabe. Pourquoi ne pas en faire autant dans vos équipes ?

Nous avons relu la vie du Prado à Madagascar : la semaine de spiritualité de cet été, la vie des équipes Prado dans les régions. Vous trouverez des échos d’un participant à cette semaine.

Au cours de notre Etude d’Evangile en conseil, nous relisions le message de la vision de Paul à Corinthes : « Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Je suis en effet avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te maltraiter car, dans cette ville, un peuple nombreux m’est destiné. » (Ac 18, 10) Que cela soit un encouragement pour nous tous dans nos missions respectives.

Père Gervais Razafitoazaza
Responsable du Prado de Madagascar


« Dans le monde entier
on proclame que vous croyez » (Ro. 1, 8)

Chers frères pradosiens et amis,

A vous tous que Dieu a appelés pour vivre de la grâce accordée au Bienheureux Père Antoine Chevrier aux côtés des plus pauvres de notre monde : salut, paix et joie dans le Seigneur !

Nous étions cinquante-sept délégués, réunis du 2 au 19 juillet à Limonest pour l’Assemblée Générale de notre Institut et nous n’avons pas cessé de penser à vous ! Nous nous sommes réjouis à plusieurs reprises de la foi qui vous anime et de son rayonnement – même au milieu des difficultés -, à partir du thème « Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus-Christ ».

1 – Au cours de notre première semaine, nous avons eu la chance et la joie d’entendre des communications et des témoignages venant de tous nos Prado. Cela nous a permis de mieux comprendre les réalités sociales, culturelles et ecclésiales de nos différents pays. Nous avons aussi bien mesuré les ravages que produisent les violences économiques, sociales et morales de notre époque sur les plus pauvres et sur leurs familles.

Nous avons ainsi pointé les défis qui nous attendent, pour continuer à vivre auprès des « pauvres, des ignorants et des pécheurs » de nos pays. Tous, nous avons perçu l’urgence que les pauvres ne soient pas seulement « les objets » de notre souci pastoral, mais qu’ils soient eux-mêmes acteurs de l’annonce de l’Evangile dans nos Eglises respectives.

2 – Les jours suivants, nous avons également beaucoup pensé à vous tous en nous laissant conduire par l’Esprit Saint, au moment d’élire notre nouveau Responsable Général, Michel DELANNOY (France), ses deux assistants (Xosé Xulio RODRIGUEZ-Espagne ; Armando PASQUALOTTO-Italie) et ses conseillers (Pedro JU SU OUK-Corée du Sud ; Joseph MUSSER-France ; Francisco Javier GARCIA CADIÑANOS-Espagne ; Hector VILLA-Mexique).

En acceptant de répondre oui, tous les sept ont la vive conscience d’être au service de notre Institut tout entier, mais aussi de la vocation de tous les pradosiens, dans leur diversité.

Dans le même temps, nous avons rendu grâce au Seigneur pour le beau témoignage et pour le travail de notre précédant Conseil Général. Avec vous et en votre nom, nous avons dit un chaleureux merci à Robert DAVIAUD, pour ses douze années comme Responsable Général, ainsi qu’à José Aristeu VIEIRA, Yves DELAVOIX, Angel MATESANZ RODRIGO et Job Yo Bi KOO.

3 – Le lundi 8 juillet, nous avons célébré l’eucharistie sur la tombe du Père Chevrier, présidée par le Cardinal Philippe BARBARIN, archevêque de Lyon. C’était encore une autre manière de nous sentir reliés spirituellement à vous, ainsi qu’à tous ceux qui nous ont précédés, dans la communion de l’Eglise Universelle.

4 – Nous voulons aussi vous rapporter l’importance de ce que nous avons vécu le samedi 13 juillet. Ce jour-là, nous avons écouté longuement les autres membres de notre famille spirituelle (fraternité des laïcs consacrés ; soeurs du Prado ; membres laïques de l’Institut Féminin du Prado ; diacres permanents ; laïcs associés). Leur témoignage nous a donné le goût et l’envie de renforcer nos liens de famille autant qu’il est possible, dans chacun de nos Prado et au niveau international, afin de nous rendre plus efficaces tous ensemble pour annoncer la richesse de Jésus-Christ à tous les pauvres, selon notre charisme commun et de manière adaptée à chaque continent, à chaque culture, à chaque situation.

5 – Dans nos prières et dans notre étude d’évangile quotidienne, à travers la qualité de notre vie fraternelle, grâce au bon esprit qui a présidé à nos échanges tout simples ou plus profonds, mais aussi dans nos moments de détente et jusque dans la petite fête culturelle que nous avons vécue joyeusement le samedi 13 juillet au soir, vous étiez encore avec nous !

6 – Enfin, nous avons été naturellement en communion avec vous au moment de fixer les orientations qui pourront nous guider, sous la responsabilité de notre nouveau Conseil pour les six années à venir, dont le texte vous parviendra bientôt. Dès maintenant, nous vous communiquons celui de nos convictions.

Chers frères, nous pouvons vraiment rendre grâce à Dieu pour ce moment fort de notre Institut. Il nous faut aussi vous exprimer nos remerciements pour le soutien efficace de votre prière et pour toutes les autres marques de soutien à notre Assemblée, amicales ou financières. Nous prions l’Esprit Saint pour qu’il soutienne toujours notre réponse généreuse à Dieu, Lui qui nous a tous appelés à travailler pour faire resplendir la lumière de Jésus-Christ auprès des pauvres, du levant jusqu’au couchant du soleil, dans le sud comme au nord de notre planète.

Car « dans le monde entier on proclame que vous croyez » (Ro.1, 8)

Nous tous, délégués à l’Assemblée d’Afrique (Burkina Faso, RD Congo, Madagascar), d’Amérique (Brésil, Caraïbes, Chili, Colombie, Equateur, Mexique, Pérou), d’Asie (Corée du Sud, Inde, Vietnam), d’Europe (Italie, Espagne, France, Portugal, Suisse), et du Moyen Orient (Liban, Egypte).

Texte des Convictions

« Annoncer aux pauvres la richesse de Jésus-Christ » [1]

  1. Membres de l’Association des prêtres du Prado, nous avons tenu notre Assemblée générale à Limonest du 2 au 19 juillet 2013. Nous étions 57, venus de 4 continents et de 20 pays du monde, envoyés par les 1250 pradosiens présents dans une cinquantaine de pays.

« Moi, Paul, qui suis le dernier des derniers de tous les saints, j’ai reçu cette grâce d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ, et de mettre en lumière comment Dieu réalise le mystère tenu caché depuis toujours en lui, le créateur de l’univers » [Ephésiens 3, 8-9]

« Vous connaissez, en effet, la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté. » [2 Corinthiens 8, 9]

« C’est en méditant la nuit de Noël sur la pauvreté de Notre Seigneur et son abaissement parmi les hommes que j’ai résolu de tout quitter et de vivre le plus pauvrement possible. C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti. » [Antoine Chevrier, procès article 20]

  1. Durant les trois premiers jours de notre assemblée, nous avons pris le temps de nous écouter mutuellement raconter ce dont nous sommes témoins. Pouvons-nous nous permettre de paraphraser le début de la 1° Lettre de Jean pour rendre compte de l’esprit de nos travaux à partir du thème de l’assemblée ? Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché de la Parole de Dieu faite chair dans la vie des hommes dans le monde aujourd’hui, surtout les plus pauvres… nous désirons vous l’annoncer, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Et nous vous écrivons cela pour que notre joie soit complète, et que vous aussi vous soyez comblés du don inestimable et de la joie de la foi.

I – Avec les pauvres, nous accueillons la richesse de Jésus-Christ

  1. La richesse de Jésus-Christ nous est révélée par la foi, donnée par grâce, comme un beau cadeau de Dieu, afin que nous l’annoncions à tous les hommes [Romains 1, 1-9 ; Ephésiens 3, 8-9]. Comme Saint Paul, nous pouvons dire que nous avons reçu la grâce de connaître l’insondable richesse du Christ et l’appel à être disciples et apôtres pour l’annoncer. Cette grâce et cet appel sont notre vie et notre joie. Guidés par le charisme du Père Antoine Chevrier qui désirait former des apôtres et des prêtres pauvres pour les pauvres, dans la communion avec toute l’Eglise, nous nous attachons, en toute liberté et confiance, à Jésus-Christ, car nous croyons qu’il est la Vie, la Vérité, et le Chemin qui conduit au salut.
  2. Disciples de Celui qui pour nous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de nous enrichir par sa pauvreté, nous désirons nous faire proches des plus pauvres. Lorsque nous parlons des pauvres, c’est dans la foi en Jésus-Christ, le seul Maître que nous cherchons humblement à mieux connaître, mieux suivre et mieux aimer. Car les pauvres ne se définissent pas, ils se rencontrent. Ils sont des personnes, des visages, des cœurs… que nous connaissons, côtoyons, avec qui nous vivons, et dont les pauvretés sont innombrables (économiques, sociales, psychologiques, spirituelles…). Et lorsque nous reconnaissons et acceptons nos propres pauvretés, il nous est plus facile d’être proches d’eux. En partageant la vie des pauvres, à les connaître, à les respecter et à les aimer, nous contemplons l’œuvre de Dieu qui nous a devancés.
  3. « Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf… Avec la contemplation du mystère de Dieu, l’autre symbole d’authenticité de la nouvelle évangélisation a le visage du pauvre. Se mettre à côté de celui qui est blessé par la vie n’est pas seulement un exercice de sociabilité, mais est avant tout un fait spirituel. Car dans le visage du pauvre resplendit le visage même du Christ (Mt 25,40). » [Synode sur la nouvelle évangélisation, 2012, 6 et 12]
  4. Les pauvres, souvent, ce sont celles et ceux qui nous dérangent, qui nous importunent… Ainsi, ils nous rappellent que Jésus-Christ lui-même a pris cette attitude du pauvre qui dérange, qui perturbe l’ordre social et les consciences tranquilles des pharisiens, scribes, chefs du peuple, riches : « Simon, tu vois cette femme ? » [Luc 7, 44]. Il est mort sur la croix parce

[2] qu’il est accusé de blasphème, scandale pour les juifs, folie pour les païens. Pour Jésus il n’y a pas de bons pauvres et de mauvais pauvres. A tous il promet son royaume « Heureux, vous les pauvres : le Royaume de Dieu est à vous ! » [Luc 6, 20].

  1. Parmi les pauvres, certains sont aussi, souvent avant nous-mêmes, disciples et apôtres. Appelés, relevés, pardonnés, libérés, guéris par le Christ, ce sont des pauvres qui se mettent à sa suite [Cf. Bartimée, Marc 10]. Avec eux nous apprenons à accueillir la richesse de Jésus-Christ et eux-mêmes nous aident à la reconnaître et à l’accueillir dans tous les pauvres, croyants ou non, chrétiens ou non. Ils sont souvent ceux qui nous permettent de mieux découvrir et connaître la richesse du Christ.
  2. Dans l’Evangile, Jésus nous fait découvrir et comprendre que les pauvres sont les préférés de Dieu, les premiers dans son royaume. Non que Dieu soit partial, mais son amour pour les hommes commence par les plus bas, les plus faibles, les plus fragiles, ceux qui sont généralement les plus ignorés, les plus rejetés, les plus méprisés, dans les familles, dans les sociétés et même dans les églises. « L’option préférentielle pour les pauvres » est une grâce au cœur de l’évangélisation dans le monde de ce temps.
  3. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. » [Gaudium et Spes, 1]

II – Avec les pauvres, nous partageons la richesse de Jésus-Christ

  1. La richesse de Jésus-Christ est la vraie réponse de Dieu aux attentes, aux désirs et à l’espérance des hommes, réponse surabondante qui invite à chercher plus loin, à creuser plus profond [Cf. Ephésiens 3, 20] Le Père Chevrier parlait « des pauvres, des ignorants et des pécheurs ». Peut-on dire aujourd’hui qu’être pauvre c’est : « ne pas avoir, ne pas savoir, ne pas être » et donc être toujours « en attente » de biens, de connaissance, de dignité ?
  2. Au cœur de tout être humain n’y a-t-il pas aussi un désir profond, au-delà de toute condition, de toute culture, le « désir de Dieu », le désir de le connaître et de communier à sa vie ? Dans les rencontres de Jésus, toutes celles et tous ceux qui viennent à lui, avec le fardeau de leur vie, se découvrent proches, amis, filles et fils …enfants bien-aimés de Dieu.
  3. Dans l’écoute de la vie des membres du Prado dans le monde, souvent nous avons entendu des confrères témoigner de cette « espérance fondamentale » qu’ils devinent, perçoivent, contemplent… dans la vie des personnes au cœur de leurs pauvretés, de leurs dépendances et même de leurs désespoirs au niveau social, économique, politique.
  4. La richesse de Jésus-Christ, c’est d’être le Fils de Dieu, et tout ce qu’il nous révèle de Dieu son Père et de l’Esprit-Saint. Par lui, la richesse d’amour et de communion de la vie trinitaire s’ouvre à tout être humain sans exception.

« … Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné…Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation… » [Gaudium et Spes, 22, 1]

  1. La richesse de Jésus-Christ, c’est son incarnation, sa venue dans la chair, dans les conditions ordinaires de la vie des hommes.

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. O ineffable mystère ! Dieu est avec nous, Dieu est venu nous parler, il est venu habiter avec nous pour nous parler et nous instruire. Ce qu’il n’avait fait autrefois qu’en passant pour ainsi dire, et à la hâte, il l’a fait dans ces derniers temps d’une manière bien sensible, durable. Il a pris lui-même la forme de l’homme afin d’habiter avec nous et [3] avoir le temps de nous parler et de nous dire tout ce que le Père voulait nous enseigner par lui. Nous ne sommes pas des êtres abandonnés par Dieu. Nous avons un Dieu qui est véritablement un Père, qui aime ses enfants et veut les instruire et les sauver. » [A. Chevrier, Le Véritable Disciple, 62-63]

  1. La richesse de Jésus-Christ, ce sont les actes et les paroles de Jésus. La vie toute entière de Jésus exprime la volonté de salut de Dieu et réalise déjà ce salut. Dès le début de son ministère public, Jésus se manifeste comme celui par qui « aujourd’hui » s’accomplit ce que les prophètes ont annoncé (Lc 4, 16). Chez lui, l’accueil, l’écoute, la compassion, la liberté face à toutes les institutions, sont les signes concrets de la venue du Règne de Dieu. Il répond aux demandes… mais tout en engageant les personnes sur le chemin de la conversion.
  2. La richesse de Jésus-Christ c’est sa mort et sa résurrection, c’est-à-dire son incarnation jusqu’au bout, le Mystère pascal. La mort et la résurrection de Jésus éclairent définitivement la destinée de l’homme… « Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tué la Haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches: par lui nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père. » [Ephésiens 2, 14-18]

« En souffrant pour nous, il ne nous a pas simplement donné l’exemple, afin que nous marchions sur ses pas, mais il a ouvert une route nouvelle : si nous la suivons, la vie et la mort deviennent saintes et acquièrent un sens nouveau… Telle est la qualité et la grandeur du mystère de l’homme, ce mystère que la Révélation chrétienne fait briller aux yeux des croyants. C’est donc par le Christ et dans le Christ que s’éclaire l’énigme de la douleur et de la mort qui, hors de son Evangile, nous écrase. Le Christ est ressuscité ; par sa mort, il a vaincu la mort, et il nous a abondamment donné la vie pour que, devenus fils dans le Fils, nous clamions dans l’Esprit : Abba, Père ! » [Gaudium et Spes, 22, 3 et 6]

  1. La richesse de Jésus-Christ c’est le don de son Esprit [et de ses œuvres] – qui nous fait vivre aujourd’hui les Béatitudes et par lequel nous recevons déjà la vie nouvelle.

« Devenu conforme à l’image du Fils, premier-né d’une multitude de frères, le chrétien reçoit  » les prémices de l’Esprit « , qui le rendent capable d’accomplir la loi nouvelle de l’amour. Par cet Esprit,  » gage de l’héritage « , c’est tout l’homme qui est intérieurement renouvelé, dans l’attente de  » la Rédemption du corps  » :  » Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts demeure en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous « . Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. » [Gaudium et Spes, 22, 5]

« …C’est l’Esprit-Saint qui produit en nous Jésus-Christ… Le Père nous crée, le Fils nous montre la vérité, la voie, il est notre lumière, mais le Saint-Esprit nous donne l’amour, nous le fait aimer, et qui aime comprend, qui aime sent, qui aime peut agir. Le Saint Esprit achève donc ce que Jésus-Christ a commencé. » [A. Chevrier, Lettre 93, Ecrits Spirituels, p. 100]

  1. Avec les pauvres, nous partageons cette richesse de Jésus-Christ.

Nous partageons la grâce de la vocation divine qui nous est révélée, la dignité d’enfants de Dieu qui nous constitue frères et sœurs de tous les hommes. Nous partageons la joie d’être quelqu’un aux yeux de Dieu, chacun avec ses pauvretés. Nous savons que nous ne sommes pas abandonnés de Dieu. Nous partageons la joie d’être pardonnés, de renaître. Nous partageons l’espérance face à l’échec, au malheur et à la mort. Avec les pauvres nous partageons la foi, l’espérance et l’amour qui inspirent les luttes pour la libération, la justice et la paix. Nous partageons l’engagement de tous les hommes de bonne volonté qui les accompagnent, les soutiennent, les encouragent. Pour nous, c’est un combat où Dieu lui-même nous arme de puissance et fortifie en nous l’homme intérieur [Ephésiens 3, 16].

III – Avec les pauvres, nous témoignons de la richesse de Jésus-Christ

  1. Dans notre Assemblée, nous avons raconté comment, dans nos ministères divers à travers le monde, nous accompagnons et sommes accompagnés par des pauvres qui se sentent eux aussi responsables et chargés de témoigner de la richesse de Jésus-Christ. En fraternités et en communautés avec eux, nous faisons l’expérience de la rencontre personnelle de Jésus-Christ ressuscité. Nous sommes convaincus que cette expérience personnelle nous garde toujours sur le chemin de la conversion et qu’elle est le fondement du témoignage. C’est grâce à l’étude de l’Evangile, la prière, le partage et la révision de vie que reste vive et actuelle cette expérience.
  2. C’est d’abord dans nos assemblées dominicales, dans nos équipes de mouvements, dans nos groupes de partage de la vie des hommes et de la Parole de Dieu, dans nos communautés ecclésiales de base, dans nos services de solidarité, dans nos familles… que celles et ceux qui l’ont découverte, doivent annoncer la richesse de Jésus-Christ. Nous avons la conviction et faisons l’expérience que les pauvres sont capables d’accueillir la Parole de Dieu, d’en rendre compte, et qu’ils enrichissent l’Eglise, grande diversité de vocations et de manières de se faire disciples de Jésus-Christ. Nous sommes heureux d’appartenir à l’Institut des prêtres du Prado qui nous aide à rester attachés à Jésus-Christ, à garder vifs en nous le désir et la recherche de la pauvreté selon l’Evangile, à étudier l’Evangile et à en parler pour que les plus humbles le comprennent, à nourrir en nous et à répandre autour de nous la joie de la foi.
  3. C’est l’Eglise réelle, avec ses pauvretés et ses incohérences, ses dynamismes et ses fidélités, qui est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, c’est-à-dire le signe et le moyen de la rencontre du Christ ressuscité. [Cf. Lumen Gentium 1]

« La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), célébration des Sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer. » [Benoît XVI, Dieu est amour, n° 25].

  1. Les trois tâches inséparables de la mission de l’Eglise nous mettent, sous la conduite de l’Esprit-Saint, sur le chemin de l’unité et de la communion. Dans les communautés chrétiennes, lorsque l’Evangile est annoncé, le Christ se révèle comme Vérité, Chemin et Vie ; lorsque les sacrements sont célébrés, l’Esprit-Saint rend présent le mystère pascal, nous fait membres du Corps du Christ, et nous envoie, nous fait sortir à la rencontre des pauvres ; lorsque la charité est vécue, le Christ lui-même se fait, dans l’histoire, tendresse de Dieu pour tout homme et tous les hommes.
  2. Sur les chemins de la communion, nous comprenons que Dieu nous demande de construire des communautés qui soient signes de la nouveauté de l’Evangile et où l’on puisse voir que la foi conteste les critères de discrimination et d’exclusion et crée des relations joyeuses, fraternelles et animées d’espérance, relations nouvelles dont les pauvres sont appelés aussi à être les acteurs. Nous sommes conscients que les difficultés sont nombreuses, que la culture actuelle entraîne plutôt dans l’individualisme et l’idolâtrie, et nous confessons le péché, personnel et structurel, qui entrave la réalisation du dessein de Dieu : soif de profit injuste, exploitation des personnes, mépris de la nature, pillage des richesses de la création… Mais, nous confessons aussi la présence et l’action de l’amour de Dieu qui ne cesse d’œuvrer à la libération intégrale des hommes et de tout homme. « Car la création attend avec impatience la révélation de la gloire des fils de Dieu… » : les personnes et les groupes, très nombreux, qui s’engagent et se compromettent auprès des nécessiteux ; les personnes et les groupes qui dénoncent les situations injustes qui produisent la misère et luttent pour l’éliminer, parfois jusqu’au don total de la vie…
  3. Nous voulons rester avec Marie, méditant les merveilles que Dieu le Père nous fait connaître en son Fils, que l’Esprit renouvelle continuellement en ce monde, prémisses de la plénitude de la vie éternelle à laquelle tous les hommes sont appelés.


Echos de la semaine de spiritualité

Qu’est-ce que je garde de la lecture des constitutions, quelles lumières, quelles décisions ? Tout ce que j’ai lu dans les constitutions confirme les lois de la vie sacerdotale et il s’agit de vivre les conseils évangéliques et aussi les comportements, de vivre dans l’amour fraternel dans le presbyterium, être humble, disponible.

La prière et la Parole de Dieu sont les fondements de notre vie à la suite de Jésus-Christ ressuscité sur la croix.

Moi, je décide de me consacrer à la suite d’Antoine Chevrier qui vise surtout à aimer, aider, s’occuper des pauvres. Je décide moi-même de creuser à fond le charisme de l’association du Prado. Vivre, pour moi, c’est le Christ, le reste n’est rien. Je décide de connaître aimer suivre Jésus le plus près possible.

Pour moi, la lumière, ce sont les apôtres qui vivaient à la suite de Jésus Christ. La lumière, c’est Jésus Parole de Dieu à jamais, c’est le souffle de l’Esprit Saint qui me soutient, me donne la force, qui m’éclaircit de jour et de nuit selon la volonté de Dieu

Mes frères, je ne regrette rien d’être Prado, malgré mes faiblesses, mes infirmités spirituelles, j’ai toujours confiance en Dieu trinité

Odon Pascal


Engagements célébrés

  • Père Alphonse Ramely et Père Gaston Cyrile, du diocèse de Tuléar, ont prononcé leur 1er engagement dans l’Association des Prêtres du Prado le jeudi 18 juillet 2013 à Antsirabe.

Dates à retenir

Semaine de spiritualité pradosienne à Antsirabe (foyer de charité)

  • Du lundi 14 au soir au lundi 21 juillet 2013 au matin, pour les prêtres en Première Formation et pour tous ceux qui voudraient s’aider à découvrir ou approfondir le charisme du Père Chevrier en plongeant dans les Ecrits Spirituels.
  • Rencontre Nationale du lundi 21 juillet 2013 au soir, au vendredi 25 au matin

Comme les autres années, nous ferons une péréquation des frais de transport et il n’y aura pas de frais de pension car ils sont pris en charge par des dons reçus. Ceux qui habitent à côté participeront aux frais de ceux qui viennent de loin vivant ainsi l’Evangile. Celui qui aurait des difficultés financières sera aidé.

Prochain Conseil du Prado de Madagascar

  • Du mercredi 30 avril au soir au samedi 3 mai 2014 au matin

 

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