- Passer de nos combats… au combat du Christ en nous, au combat avec le Christ :
- Combats et souffrances dans la vie de Paul :
- 1 Dans une lecture du Livre des Actes des Apôtres :
- 2 Détresses, combats, souffrances… quelques grands textes :
- 2.1 Le discours aux anciens d’Ephèse à Milet (Ac 20, 18-38) ou le testament de Paul dans lequel il relit ses épreuves et annonce celles de la communauté :
- 2.2 Paul met son orgueil dans faiblesse et dans l’appel de Dieu dont il tire sa force et qui le rejoint dans cette faiblesse (d’après 2 Co 11, 16-12, 10) :
- 2.3 Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? (Rm 8)
- 3 Détresse, combats, souffrances… classées par catégories :
- 3.1 Liées à la résistance à l’appel, au péché :
- 3.2 Liées aux limites physiques, à la maladie, à la vieillesse, aux capacités limitées, à l’exercice de la mission en dehors des questions de persécution ou de conflits :
- 3.3. Liées aux affrontements avec d’autres disciples, aux divisions des communautés, à leur difficulté à croire, aux persécutions par les juifs ou par les païens :
- 1 Le but n’est pas la souffrance mais la joie de connaître le Christ, d’être saisi par lui, d’être associé à lui dans la gloire et pour cela d’être associé à sa croix :
- 2 Ce qui grandit pour nous à travers les détresses.
- 2.1 Les détresses sont le passage obligé pour entrer dans le Royaume de Dieu
- 2.2 Les épreuves traversées font grandir l’espérance, la foi, l’amour :
- 2.3 D’avoir été consolé dans la détresse nous rend capable de consoler à notre tour :
- 2.4 De connaître les détresses nous oblige à mettre notre confiance non en nous, mais en Dieu :
- 2.5 L’écharde dans la chair nous évite tout orgueil et nous conduit à nous appuyer sur la grâce de Dieu :
- 2.6 Les détresses rencontrées par l’Apôtre ont une fécondité pastorale :
- 2.7 Les détresses permettent de ne pas s’annoncer soi-même et de ne pas se tromper sur ce qui est annoncé, un trésor porté dans des vases d’argiles :
- 2.8 Tout peut être occasion d’annonce de l’Evangile et de fondation de l’Eglise :
- 2.9 Les détresses rencontrées sont une école de liberté :
- 2.10 Paul à une certitude : tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, même les détresses.
- 1 Laisser le Christ combattre en nous par la force de son Esprit
- 2 Revenir à l’appel reçu.
- 3 Etre averti qu’il n’y a pas d’autre chemin que de passer par les détresses, les combats :
- 4 Se souvenir des souffrances de Jésus Christ :
- 5 S’appuyer sur la foi en la résurrection :
- 6 Prier :
- 7 Prendre les armes du Christ :
- 8 Pour que le Christ puisse combattre en nous, il nous faut nous disposer à laisser agir en nous l’Esprit, apprendre à discerner ce qui vient de l’Esprit et ce qui n’en vient pas, ce qui est selon Dieu et ce qui est selon le monde
- 9 Un combat à vivre en Eglise :
Une lecture des Actes des Apôtres et des lettres de Paul nous met devant une réalité incontournable : le chemin de l’Apôtre passe par la croix, les combats, les détresses. En regardant Paul, mais aussi les autres Apôtres, nous retrouvons cet appel de Jésus :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera. Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? Que pourrait donner l’homme qui ait la valeur de sa vie ? Car, si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’Homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » (Marc 8, 34-38)
« Prendre sa croix », « souffrir pour le Christ »… des expressions qui ont souvent été détournées de leur sens au point d’entraîner des névroses, ou des aliénations, et finalement des rejets. Parmi ceux-ci, les écrits de Nietzsche sont particulièrement percutants, en particuliers dans son livre « La genèse de la morale ».
« Prendre sa croix », « souffrir pour le Christ »… des expression que nous avons du mal à entendre parce qu’en nous « la chair s’oppose à l’appel du Christ » et que, comme beaucoup, nous nous situons en ennemis de la croix. (Ph 3, 18)
L’objet de cette étude est de mieux comprendre cette dimension de la vie du disciple du Christ en suivant pas à pas Saint Paul. Combats, souffrances, détresses, écharde, faiblesse, croix, … tous ces mots renvoient à des réalités très diverses dans la vie de Paul que nous essaierons de distinguer. Nous regarderons surtout comment, dans ces réalités, Paul se laisse prendre, saisir, façonner par le Christ pour entrer dans la joie de la rencontre. Comme nous le verrons, ces réalités ne sont pas des buts en soi, mais des points de passage obligé sur la route de celui qui se laisse prendre par le Christ. Paul n’a pas eu à les rechercher, à les choisir ou à se les donner. Il n’est pas possible de prendre le chemin de l’amour sans avoir à pâtir. Ce qui est cherché, ce n’est pas la souffrance, mais la joie à nulle autre pareille de se laisser habiter, saisir par le Christ.
1. Passer de nos combats… au combat du Christ en nous, au combat avec le Christ :
Sur le chemin de Damas, Paul doit quitter son combat à lui contre le Christ pour entrer dans le combat du Christ.
Poursuivant sa route, il approchait de Damas quand, soudain, une lumière venue du ciel l’enveloppa de son éclat. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait :
– « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
– « Qui es-tu, Seigneur ? »
– « JE SUIS Jésus, c’est moi que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. » (Ac 9, 3-6)
Ce combat, en fait, est le combat fondamental, combat jamais gagné, combat qui marque tous ceux que nous retrouverons dans la vie de Paul, combat qui évoque ceux de Jacob, de Moïse, d’Elie, celui du Christ lui-même au désert, combat du Christ en Paul qui le fait passer de sa lumière à celle du Christ, celle qui vient du ciel, celle qui veut envelopper toute sa vie, toute sa personne. Il lui faut accepter de tomber pour pouvoir être relevé, pour pouvoir passer de la mort à la vie ; il lui faut accepter de ne plus être le chef mais de devoir se laisser guider, accepter que des écailles tombent de ses yeux et que cela ne se fasse pas sans douleurs, qu’il aie toujours à découvrir le Christ ; il lui faut accepter de passer par l’impossibilité à se nourrir, par l’impuissance pour enfin pouvoir recevoir son Esprit et accueillir en lui sa vie jusqu’à pouvoir dire :
« Avec le Christ, je suis un crucifié ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. » (Ga 2, 20)
C’est dans cette lumière de la rencontre, du choix du Christ qui veut faire de Paul un instrument pour répondre de son nom devant toutes les nations, que nous pouvons regarder ses combats, ses souffrances par lesquelles il va devoir passer et qui lui avaient été annoncées. (Ac 9, 15-16)
C’est dans la lumière du choix de Dieu de se faire connaître à tous les hommes, de se faire connaître en faisant confiance à des hommes pécheurs, y compris à ceux qui l’ont renié (comme Pierre), ou qui l’ont persécuté (comme Paul), et qui aime l’homme jusqu’à accepter qu’il le refuse, que nous pouvons essayer de comprendre les souffrances dans la vie de Paul.
C’est dans la lumière de la promesse qu’il lui fait de ne pas seulement lui être apparu une fois, d’être toujours avec lui, que nous pouvons regarder ses souffrances :
« Relève-toi, debout sur tes pieds ! Voici pourquoi je te suis apparu : Je t’ai destiné à être serviteur et témoin de la vision où tu viens de me voir ainsi que des visions où je t’apparaîtrai encore. Je te délivre déjà du peuple et des nations païennes vers qui je t’envoie pour leur ouvrir les yeux, les détourner des ténèbres vers la lumière, de l’empire de Satan vers Dieu, afin qu’ils reçoivent le pardon des péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés, par la foi en moi. » (Ac 26, 16-18)
Que nous regardions Paul ou notre vie, nous sommes invités à ne pas tant regarder la souffrance, nos limites, notre péché, que ce que le Christ réalise en nous, par nous, avec nous, comment il vient nous rencontrer et nous envoie. Nous serons aussi appelés à discerner les combats, les souffrances que nous nous donnons, et les combats et souffrances qui sont du Christ.
2. Combats et souffrances dans la vie de Paul :
2.1 Dans une lecture du Livre des Actes des Apôtres :
– En arrivant à Jérusalem, il est mal accepté par les chrétiens qui ont peur de lui ; (Ac 9, 26)
– Il doit quitter Jérusalem pour fuir les hellénistes qui cherchent à le tuer. (Ac 9, 28)
– A Chypre, il connaît l’opposition du magicien Elymas ; (Ac 13, 8)
– A Antioche de Pisidie, il est insulté, persécuté, chassé par des Juifs ; (Ac 13, 45 ; 13, 51)
– Idem à Iconium où on cherche à le lapider ; (Ac 14, 5)
– Avec Barnabé, ils sont pris pour des dieux après avoir guéri un infirme, puis, juste après, la même foule lapide Paul, le traîne hors de la ville et le laisse pour mort à Lystres ; (Ac 14, 19)
– Sur le chemin du retour de ce premier voyage, ils affermissent les chrétiens et les alertent en les engageant à persévérer dans la foi, conscients qu’ils allaient connaître la souffrance : « nous pouvons, disaient-ils, passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le Royaume de Dieu. » (Ac 14, 22)
– A Antioche, au retour du premier voyage, il se trouve en conflit grave avec des frères qui exigent la circoncision ; (Ac 15, 2)
– Au moment de repartir en mission après l’assemblée de Jérusalem, il entre en conflit grave avec Barnabé sur l’opportunité d’emmener Marc avec eux, jusqu’à se séparer de Barnabé ; (Ac 15, 37-40)
– A Philippe, avec Silas, son compagnon, il est agressé, ses vêtements sont déchirés, il est battus et jeté en prison, pieds et poings liés, après avoir délivré une possédée et fait perdre à ses patrons une source de gains ; (Ac 16, 22-24)
– Il est rapidement menacé à Thessalonique par les Juifs et doit fuir en urgence ; (Ac 17, 5)
– Les Juifs de Thessalonique le poursuivent à Bérée et il doit fuir pour Athènes ; (Ac 17, 13)
– Il connaît la moquerie à Athènes pour avoir parlé de la Résurrection et doit quitter Athènes ; (Ac 17, 32)
– Il est injurié par les Juifs à Corinthe et se tourne résolument vers les païens (Ac 18, 6) puis amené par les Juifs au tribunal de Corinthe et comparaît devant Gallion ; (Ac 18, 12)
– Il doit quitter Ephèse en raison de la révolte fomentée par les marchands de statuettes d’Artémis qui voient leur commerce s’écrouler ; (Ac 19, 28-31)
– Il a connu la prison à Ephèse et évoque le fait d’avoir du combattre contre les bêtes à Ephèse (1 Co 15, 32)
– Il connaît de nouveau un complot contre lui au moment de partir pour la Syrie et doit modifier son itinéraire ; (Ac 20, 3)
– A Milet, il fait un discours d’adieu aux anciens d’Ephèse et décide librement de monter vers Jérusalem où il sait que chaînes et détresses l’attendent ; (Ac 20, 17-38)
– A Césarée, il redit sa disponibilité pour mourir pour le Christ : « Qu’avez-vous à pleurer et à me briser le cœur ? Je suis prêt, moi, non seulement à être lié mais à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » (Ac 21, 13)
– A Jérusalem, la ville entière entre en émeute contre lui et demande sa mort (Ac 21, 30-36) ; il est arrêté et comparaît ; désormais il sera captif.
– Il est conduit à Césarée et échappe à un complot (Ac 23, 12) ; il comparaît deux fois à Césarée (Ac 24 à 26),
– Il part pour Rome ; pendant le voyage, il connaît la tempête et fait naufrage ; il met sa confiance à Dieu et y échappe ;
– Il doit encore échapper au désir des soldats de tuer les prisonniers et à un serpent sur l’île de Malte ; (Ac 27 et 28)
2.2 Détresses, combats, souffrances… quelques grands textes :
2.2.1 Le discours aux anciens d’Ephèse à Milet (Ac 20, 18-38) ou le testament de Paul dans lequel il relit ses épreuves et annonce celles de la communauté :
« Vous savez quelle a toujours été ma conduite à votre égard depuis le jour de son arrivée en Asie. J’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves que m’ont valu les complots des Juifs et je n’ai rien négligé de ce qui pouvait vous être utile ; au contraire, j’ai prêché, je vous ai instruits, en public comme en privé ; mon témoignage appelait et les Juifs et les Grecs à se convertir à Dieu et à croire à Notre Seigneur Jésus.
Maintenant, prisonnier de l’Esprit, me voici en route pour Jérusalem ; je ne sais pas quel y sera mon sort, mais en tout cas, l’Esprit Saint me l’atteste de ville en ville, chaînes et détresses m’attendent. Je n’attache d’ailleurs vraiment aucun prix à ma propre vie ; mon but, c’est de mener à bien la course et le service que le Seigneur m’a confié : rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu.
Désormais, je le sais bien, voici que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j’ai passé en proclamant le Règne. Je peux donc l’attester aujourd’hui devant vous : je suis pur du sang de tous.
Je n’ai vraiment rien négligé : au contraire, c’est le plan de Dieu tout entier que je vous ai annoncé. Prenez soin de vous-mêmes et de tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis les gardiens, paissez l’Eglise de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang.
Je sais bien qu’après mon départ s’introduiront parmi vous des loups féroces qui n’épargneront pas le troupeau ; de vos propres rangs surgiront des hommes aux paroles perverses qui entraîneront les disciples à leur suite. Veillez donc, en vous rappelant que, nuit et jour pendant trois ans, je n’ai pas cessé, dans les larmes, de conseiller chacun d’entre vous. Et maintenant, je vous remets à Dieu et à sa parole de Grâce, qui a la puissance de bâtir l’édifice et d’assurer l’héritage à tous les sanctifiés.
Je n’ai convoité l’argent, l’or ou le vêtement de personne. Les mains que voici, vous le savez vous-mêmes, ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons. Je vous l’ai toujours montré, c’est en peinant de la sorte qu’il faut venir en aide aux faibles et se souvenir de ces mots que le Seigneur Jésus lui-même a prononcés : il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. »
Après ces paroles, il se mit à genoux avec eux tous et pria.
Tout le monde éclata en sanglots et se jetait au cou de Paul pour l’embrasser –leur tristesse venait surtout de la phrase où il avait dit qu’ils ne devaient plus revoir son visage- puis on l’accompagna jusqu’au bateau. (…)
A ceux de Césarée avec qui la même scène se reproduit, Paul dit :
« Qu’avez-vous donc à pleurer et à me briser le cœur ? Je suis prêt, moi, non seulement à être lié mais à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » (Ac 21, 13)
2.2.2 Paul met son orgueil dans faiblesse et dans l’appel de Dieu dont il tire sa force et qui le rejoint dans cette faiblesse (d’après 2 Co 11, 16-12, 10) :
«Je le répète, que l’on ne pense pas que je suis fou –ou bien alors acceptez que je sois fou, que je puisse moi aussi me vanter un peu- (…) Ils sont hébreux ? moi aussi ! de la descendance d’Abraham ? moi aussi ! Ministres du Christ ? Je vais dire une folie – moi bien plus ! Dans les fatigues – bien davantage, dans les prisons – infiniment plus, dans les dangers de mort – bien des fois ! Des Juifs, j’ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois, j’ai été flagellé, une fois , lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme, voyages à pied, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert dangers sur mer, dangers des faux-frères ! Fatigues et peines, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Eglises. Qui est faible que je ne sois faible, Qui tombe, que cela ne me brûle ? S’il faut s’enorgueillir, je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse. »
Paul raconte ensuite d’où vient sa force : du choix de Dieu, de la révélation sur le chemin de Damas. Il parle de l’écharde dans sa chair malgré laquelle il a été appelé et occasion pour lui de découvrir la force qui vient de Dieu, de sa grâce.
2.2.3 Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? (Rm 8)
Dans ce texte, Paul médite notamment sur ce qui lui permettra de dépasser les détresses, où trouver son assurance :
«Il n’y a donc maintenant plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort. Ce qui était impossible à la loi, car la chair la vouait à l’impuissance, Dieu l’a fait : en envoyant son propre Fils dans la condition de notre chair de péché, en sacrifice pour le péché, il a condamné le péché dans la chair, afin que la justice exigée par la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas sous l’emprise de la chair mais de l’Esprit. En effet, sous l’empire de la chair, on tend à ce qui est charnel, mais sous l’empire de l’Esprit, on tend à ce qui est spirituel : la chair tend à la mort, mais l’Esprit tend à la vie et à la paix. Car le mouvement de la chair est révolte contre Dieu ; elle ne le peut même pas. Sous l’empire de la chair on ne peut plaire à Dieu.
Or vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. Si Christ est en vous, votre corps, il est vrai, est voué à la mort à cause du péché, mais l’Esprit est votre vie à cause de la justice.
Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais non envers la chair pour devoir vivre de façon charnelle. Car si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez.
En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu enfants et donc héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire,
18J’estime en effet que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. Car la Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant, non de son propre gré, mais par l’autorité de celui qui l’y a livrée, elle garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu.
Nous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l’adoption, la délivrance pour notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. Or, voir ce qu’on espère n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec persévérance.
De même, l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables, et Celui qui scrute les cœurs sait quelle est l’intention de l’Esprit ; c’est selon Dieu en effet que l’Esprit intercède pour les saints.
28Nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein. Ceux que d’avance il a connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’une multitude de frères ; ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
Que dire de plus, Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment, avec son fils, ne nous donnera-t-il pas tout ? Qui accusera les élus de Dieu, Dieu justifie ! Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous !
35Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? Selon qu’il est écrit : à cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie. Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni e présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ Notre Seigneur. »
2.3 Détresse, combats, souffrances… classées par catégories :
Ces périls sont de diverses sources, d’importance variable. Plusieurs seront d’ordre vital et au delà de ses propres forces jusqu’à désespérer de la vie parce qu’il avait reçu en lui-même son arrêt de mort. (2 Co 1, 8-9)
Tous ne relèvent pas du péché, mais tous vont amener l’apôtre à lutter non contre les hommes, ni contre les éléments de la nature, mais contre les attaques du démon qui va se servir de ces épreuves pour envoyer des projectiles. (cf Ep 6, 10-20)
2.3.1 Liées à la résistance à l’appel, au péché :
– On peut situer dans ce registre l’expérience faite sur le chemin de Damas de se retrouver par terre, incapable d’y voir clair, conduit à un retournement radical. (Ac 9)
– « Nous savons, certes, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu comme esclave au péché. Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais ; ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. (…) Je sais qu’en moi, le bien n’habite pas : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir. » (Rm 7, 13-25)
– L’écharde dans la chair : « parce que les révélations que Dieu m’a faites étaient extraordinaires, pour m’éviter tout orgueil, il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m’éviter tout orgueil. A ce sujet, par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. Aussi, mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. » (2 Co 12, 7-9)
2.3.2 Liées aux limites physiques, à la maladie, à la vieillesse, aux capacités limitées, à l’exercice de la mission en dehors des questions de persécution ou de conflits :
– A plusieurs reprises, Paul fait référence à sa difficulté pour parler. On le voit dans les Actes quand un jeune homme Eutyque s’endort pendant que Paul parle et tombe par la fenêtre. On le retrouve ailleurs dans les lettres : « nul pour l’éloquence soit ! » (2 Co 11, 6)
– Ailleurs, il évoque le vieillissement « L’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » (2 Co 4, 16-5, 10) ou encore « Oui, moi Paul qui suis un vieillard, moi qui suis maintenant prisonnier à cause de Jésus Christ… » (Phm 9)
– Il évoque aussi une maladie importante : « Vous le savez bien, c’est à l’occasion d’une maladie que je vous ai pour la première fois annoncé la bonne nouvelle ; et, si éprouvant pour vous que fut mon corps, vous n’avez montré ni dédain, ni dégoût. » (Ga 4, 13-14)
– Plusieurs fois Paul évoque la fatigue liée aux nuits courtes pour la mission ou parce qu’il a fait le choix de travailler pour ne pas dépendre de ceux à qui il annonce la parole (1 Th 2, 9)
– Il évoque la faim, la soif, le froid, les angoisses pour sa vie ou pour les communautés, l’insécurité dans les voyages (voir en particulier au paragraphe 2.2.2., la citation de 2 Co 11, 16-12, 10)
2.3.3. Liées aux affrontements avec d’autres disciples, aux divisions des communautés, à leur difficulté à croire, aux persécutions par les juifs ou par les païens :
Elles sont omniprésentes dans les Actes (cf paragraphe 2.1) et dans les lettres. Elles sont de divers ordres. Paul subit des persécutions diverses, répétées et variées jusqu’à la tentative de meurtre. Ces persécutions n’ont pas toutes la même origine :
– certaines sont liées à des conflits avec les Juifs qui ne peuvent reconnaître le Christ ;
– d’autres sont liées à des conflits avec les païens notamment à propos de la Résurrection ; il a du combattre contre les bêtes à Ephèse (1 Co 15, 32)
– d’autres sont liées à des affrontements à des pouvoirs d’argent : lorsqu’il fait perdre leur source de gains aux maîtres de la femme possédée (Ac 16, 22-24) ou aux vendeurs de statuettes d’Artémis (Ac 19, 28-31);
Paul connaît des conflits plus ou moins graves au sein même de l’Eglise :
– avec les chrétiens qui ont peur de lui au départ ; (Ac 9, 26)
– avec les frères qui exigent la circoncision ; (Ac 15, 2)
– au sein de la communauté de Corinthe divisée entre Apollos, Pierre et lui ; (1 Co 1 à 4)
– avec un frère de Corinthe qui l’a gravement offensé et à qui il pardonne ; (2 Co 2, 5-11)
– avec de faux apôtres ; (2 Co 11, 13-14)
– avec les Galates qui reviennent à la circoncision (Ga)
– avec Pierre lui-même au nom de l’Evangile et du service de la communauté ; (Ga 2, 11-14)
– avec son compagnon Barnabé dont il se sépare pour une divergence d’opinion sur le fait d’emmener ou non Marc avec eux (Ac 15, 37-40)
– il est touché par des conflits entre disciples du Christ, comme à Philippes, entre Evodie et Syntyche (Ph 4, 2-3)
– avec Alexandre, conflit dans lequel il est abandonné par tous, sauf par le Seigneur, et pour lequel il pardonne aussi ; (2 Tm 4, 14-18)
– avec des communautés ne vivant pas de l’Evangile : cas d’inceste, à des procès entre frères, (1Co 5 et 6)
– doit combattre contre les pièges de la philosophie (Col 2, 8)
3. Comment Paul comprend l’œuvre de Dieu à travers les détresses et les souffrances qui ne sont jamais un but en soi :
3.1 Le but n’est pas la souffrance mais la joie de connaître le Christ, d’être saisi par lui, d’être associé à lui dans la gloire et pour cela d’être associé à sa croix :
Dans divers passages des Actes, que ce soit le récit de sa conversion, que ce soit son testament à Milet, on note une très forte identification de Paul à la personne du Christ, en particulier au Christ sur la croix.
C’est pour lui le passage obligé pour entrer dans le Royaume (Ac 14, 22), connaître le Christ, se laisser saisir par lui (Ph 3, 8-21) :
« Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. A cause de lui, j’ai tout perdu et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui, non plus avec une justice à moi, qui vient de la loi, mais avec celle qui vient par la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi.
Il s’agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans sa mort afin de parvenir, s’il est possible à la résurrection d’entre les morts.
Non que j’ai déjà obtenu tout cela ou que je sois parfait ; mais je m’élance pour tâcher de le saisir, parce que j’ai été saisi moi-même par Jésus Christ. Frères, je n’estime pas l’avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant, je m’élance vers le but, en vue du prix attaché à l’appel d’en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ. Nous tous « les parfaits », comportons-nous donc ainsi, et si en quelque point vous vous comportez autrement, là-dessus aussi Dieu vous éclairera. En attendant, au point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction.
Tous ensemble, imitez-moi, frères, et fixez votre regard sur ceux qui se conduisent suivant l’exemple que vous avez en nous.
Beaucoup, en effet, je vous le disais souvent et je vous le redis maintenant en pleurant, se conduisent en ennemis de la croix du Christ.
Leur fin sera leur perdition : leur dieu, c’est leur ventre, et leur gloire, ils la mettent dans leur honte eux qui n’ont à cœur que les choses de la terre.
Car, notre cité à nous, est dans les cieux, d’où nous attendons, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transfigurera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire, avec la force qui le rend capable aussi de se soumettre toutes choses. »
On trouve encore d’autres mentions de cette grâce d’être associé à la Croix du Christ :
« Moi, je porte en mon corps les marques de Jésus » ; (Ga 6, 17)
« Car Dieu vous a fait la grâce, à l’égard du Christ, non seulement de croire en lui mais encore de souffrir pour lui, en livrant le même combat que vous m’avez vu mener et que, vous le savez, je mène encore. » (Ph 1, 29-30)
De même, c’est une source d’estime par les autres que d’avoir risqué sa vie pour le Christ. (Phi 1, 25-30) une source d’action de grâce pour les autres (1 Th 2, 13-15)
Il y a une expression qui, isolée du reste des Ecrits de Paul, ou si l’on en considère que le début, qui peut être tirée à tort vers une recherche de la souffrance pour elle-même (Col 1, 24-29) :
« Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair en faveur de son corps qui est l’Eglise ; j’en suis devenu le ministre en vertu de la charge que Dieu m’a confiée à votre égard : achever l’annonce de la Parole de Dieu, le mystère tenu caché tout au long des âges et que Dieu a manifesté maintenant à ses saints. Il a voulu leur faire connaître quelles sont les richesses et la gloire de ce mystère parmi vous les païens : Christ au milieu de vous, l’espérance de la gloire ! C’est lui que nous annonçons, avertissant chacun, instruisant chacun en toute sagesse, afin de rendre chacun parfait en Christ. C’est le but de mon labeur, du combat mené avec sa force qui agit puissamment en moi. »
3.2 Ce qui grandit pour nous à travers les détresses.
Paul ne théorise pas sur la croix. Il fait l’expérience que la suite du Christ, l’amour du Père et des hommes amènent à connaître la croix, que le passage par la croix est le passage obligé pour accéder à la connaissance du Christ, et cette rencontre du Christ est en dernier ressort ce qui grandit pour nous au-delà des souffrances rencontrées. Paul va donner plusieurs facettes de ce que les détresses traversées font grandir pour nous.
3.2.1 Les détresses sont le passage obligé pour entrer dans le Royaume de Dieu
– « Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le Royaume de Dieu. » (Ac 14, 22)
– « Je sais que ces détresses aboutiront à mon salut. » (Ph 1, 19)
– « J’estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. » (Rm 8, 18)
3.2.2 Les épreuves traversées font grandir l’espérance, la foi, l’amour :
– « Nous mettons notre orgueil dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l’espérance ; et l’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 3-5)
– « Nous devons continuellement rendre grâce à Dieu pour vous, frères, et c’est bien juste, car votre foi fait de grands progrès et l’amour que vous avez les uns pour les autres s’accroît en chacun de vous tous, au point que vous êtes notre orgueil parmi les Eglises de Dieu, à cause de votre persévérance et de votre foi dans toutes les persécutions et épreuves que vous supportez. Elles sont le signe du juste jugement de Dieu ; leur but est de vous rendre dignes du royaume de Dieu pour lequel vous souffrez. » (2 Th 1, 3-5)
– Voir aussi Rm 8, 22-25.. (cf Paragraphe 2.3.3)
3.2.3 D’avoir été consolé dans la détresse nous rend capable de consoler à notre tour :
– « Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ; il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse, par la consolation que nous-mêmes nous recevons de Dieu. » (2 Co 1, 3-5)
3.2.4 De connaître les détresses nous oblige à mettre notre confiance non en nous, mais en Dieu :
– « Car nous ne voulons pas, frères, vous le laisser ignorer : le péril que nous avons couru en Asie nous a accablé à l’extrême, au-delà de nos forces, au point que nous désespérions même de la vie. Oui, nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort. Ainsi, notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui ressuscite les morts. C’est lui qui nous a arraché à une telle mort et nous en arrachera ; en lui nous avons mis notre espérance : il nous en arrachera encore. » (2 Co 1, 8-10)
3.2.5 L’écharde dans la chair nous évite tout orgueil et nous conduit à nous appuyer sur la grâce de Dieu :
– « Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. Aussi, mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. » (2 Co 12, 7-9) (voir paragraphe 2.3.1)
Le péché est compris par Paul comme un lieu pour se laisser rencontrer par Dieu, laisser sa grâce agir, accepter qu’il nous ait choisi tels que nous sommes, avec nos limites, accepter qu’il choisisse des êtres limités pour révéler l’infini de son amour.
3.2.6 Les détresses rencontrées par l’Apôtre ont une fécondité pastorale :
– « Je veux que vous le sachiez, frères, ce qui m’est arrivé a plutôt contribué au progrès de l’Evangile. Dans tout le prétoire, en effet, et partout ailleurs, il est maintenant bien connu que je suis en captivité pour Christ, et la plupart des frères, encouragés dans le Seigneur par ma captivité, redoublent d’audace pour annoncer sans peur la Parole. » (Ph 1, 12-14)
– Détresses comme exemple pour une communauté : « Il vous a fait la grâce, à l’égard du Christ, non seulement de croire en lui mais encore de souffrir pour lui, en livrant le même combat que vous m’avez vu mener et que, vous le savez, je mène encore. » (Ph 1, 29-30)
3.2.7 Les détresses permettent de ne pas s’annoncer soi-même et de ne pas se tromper sur ce qui est annoncé, un trésor porté dans des vases d’argiles :
« Aussi puisque, par miséricorde, nous détenons ce ministère, nous ne perdons pas courage. » (…) « Non, ce n’est pas nous-mêmes, mais Jésus Christ Seigneur que nous proclamons. Quant à nous-mêmes, nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus. Car le Dieu qui a dit : que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a dit : que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ.
Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non pas de nous.
Pressés de toute part, nous ne sommes pas écrasés ; dans des impasses, mais nous arrivons à passer ; pourchassés, mais non rejoints ; terrassés, mais non achevés ; sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps.
Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle.
Ainsi, la mort est à l’œuvre en nous, mais la vie en vous. Pourtant, forts de ce même esprit de foi dont il est écrit : j’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons. Car nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et il nous placera avec vous près de lui. Et tout ce que nous vivons, c’est pour vous, afin qu’en s’accroissant la grâce fasse surabonder, par une communauté accrue l’action de grâce à la gloire de Dieu. » (2 Co 4, 1-15)
3.2.8 Tout peut être occasion d’annonce de l’Evangile et de fondation de l’Eglise :
« Vous le savez bien, c’est à l’occasion d’une maladie que je vous ai, pour la première fois annoncé la bonne nouvelle. » (Ga 4, 13)
3.2.9 Les détresses rencontrées sont une école de liberté :
« J’ai appris en tout à me suffire » … « Je peux tout en Celui qui me fortifie ». (Ph 4, 11-13)
3.2.10 Paul à une certitude : tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, même les détresses.
cf Rm 8, 28 (voir paragraphe 2.3.3)
4. Repères pour le combat :
4.1 Laisser le Christ combattre en nous par la force de son Esprit
« L’amour du Christ nous étreint à la pensée qu’un seul est mort pour tous et donc que tous sont morts. Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. Aussi, désormais, ne connaissons-nous plus personne à la manière humaine. Si nous avons connu le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi.
Aussi, si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là.
Tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car de toutes façons, c’était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes et mettant en nous la parole de réconciliation.
C’est au nom du Christ que nous sommes ambassadeurs, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel.
Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’avait pas connu le péché, il l’a, pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu.
Puisque nous sommes à l’œuvre avec lui, nous vous exhortons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu. » (2 Co 5, 14-6, 1)
Les références à ce combat qui n’est pas d’abord le nôtre, mais celui du Christ, sont nombreuses. C’est un point capital, si l’on ne veut pas se tromper de combat. Il ne s’agit pas tant de s’inquiéter de nous-mêmes que de partir de ce que le Christ fait en nous, de ce qu’il peut faire et veut faire, lui qui peut, par sa puissance qui agit en nous, faire au-delà, infiniment au-delà de ce que nous demandons et concevons. » (Ep 3, 14-21)
4.2 Revenir à l’appel reçu.
Pour lui-même, comme pour ceux auxquels il s’adresse, devant toute difficulté, Paul repart toujours de l’appel reçu et du projet de Dieu de se faire connaître des hommes, de les sauver. Les références sont nombreuses.
4.3 Etre averti qu’il n’y a pas d’autre chemin que de passer par les détresses, les combats :
Très régulièrement, Paul rappelle aux chrétiens que les détresses font partie du chemin (2 Tm 1, 6-14 ; 2 Tm 2, 3), qu’il ne faut pas en être surpris mais s’y préparer (1 Th 3, 3-4 ; 1 Th 4, 13-5, 11), qu’il ne faut pas les fuir comme ceux qui se comportent en « ennemis de la croix » (Ph 3, 18) qu’il faut annoncer la Parole à temps et à contretemps, supporter la souffrance, faire œuvre d’évangéliste (2 Tm 4, 1-5).
4.4 Se souvenir des souffrances de Jésus Christ :
« Toi donc mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus. Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres. Prends ta part de souffrance en bon soldat du Christ Jésus. Personne, en s’engageant dans l’armée, ne s’embarrasse des affaires de la vie civile s’il veut donner satisfaction à celui qui l’a enrôlé. Et de même, dans la lutte sportive, l’athlète ne reçoit la couronne que s’il a lutté selon les règles. C’est au cultivateur qui peine que doit revenir d’abord sa part de fruits. Comprends ce que je dis. Du reste, le Seigneur te fera comprendre tout cela.
Souviens-toi de Jésus Christ ressuscité d’entre les morts, issu de la race de David, selon l’Evangile que j’annonce pour lequel je souffre jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais la Parole de dieu n’est pas enchaînée. C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut, qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Elle est digne de confiance cette parole : Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons. Si nous le renions, lui aussi nous reniera. Si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2 Tm 2, 1-13)
4.5 S’appuyer sur la foi en la résurrection :
« Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l’ignorance au sujet des morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Si en effet, nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même aussi, ceux qui sont mort, Dieu les ramènera par Jésus et avec lui. » (…) « Réconfortez-vous donc les uns les autres par cet enseignement. » (1 Th 4, 13-14 ;18)
« Nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour, avec le casque de l’espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ, mort pour nous afin que, veillant ou dormant, nous vivions alors unis à lui. C’est pourquoi, réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre, comme vous le faites déjà.. » (1 Th 5, 8-11)
4.6 Prier :
Là aussi les références sont nombreuses, et il faudrait faire une étude sur la prière de Paul.
Si nous voulons vraiment être au combat de Dieu et non aux nôtres, il n’y a pas d’autre chemin que de commencer par la prière et de tout vivre dans la prière.
Dans 2 Co 1, 8-11, Paul évoque un péril de mort au dessus de ses forces et dit sa conviction que c’est la grâce de Dieu qui l’a arraché à une telle mort. Il dit aussi sa conviction que cette grâce a été obtenue par l’intercession d’un grand nombre de personnes. Dans la lettre aux Colossiens (Col 4, 12), il mentionne Epaphras qui ne cesse de mener pour les Colossiens, le combat de la prière afin qu’ils demeurent fermes, parfaits, donnant plein consentement à toute volonté de Dieu.
Dans Philippiens 4, 4-7, il en appelle à la prière :
« Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre bonté soit reconnue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute occasion, par la prière et la supplication accompagnées d’action de grâces, faites connaître vos demandes à Dieu. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ. »
On retrouve cet appel à la prière dans Ephésiens 6, 10-20 (cf paragraphe suivant).
4.7 Prendre les armes du Christ :
Pour Paul, la vie de l’apôtre est un combat. Ce combat se mène avec des armes spécifiques :
« Pour finir, armez-vous de force dans le Seigneur, de sa force toute puissante. Revêtez l’armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable. Ce n’est pas à l’homme que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Pouvoirs, aux Dominateurs de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux.
Saisissez donc l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais, vous puissiez résister et demeurer debout, ayant tout mis en œuvre.
Debout donc ! à la taille, la vérité pour ceinturon, avec la justice pour cuirasse, et comme chaussures aux pieds, l’élan pour annoncer l’Evangile de la paix. Prenez surtout le bouclier de la foi, il vous permettra d’éteindre tous les projectiles enflammés du Malin. Recevez enfin le casque du Salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu.
Que l’Esprit suscite votre prière sous toutes ses formes. » (Ep 6, 10-18)
On trouve ailleurs cette évocation des armes, notamment en 2 Co 6, 1-10 ou il parle des armes offensives et défensives ou encore en 1 Th 5, 8.
4.8 Pour que le Christ puisse combattre en nous, il nous faut nous disposer à laisser agir en nous l’Esprit, apprendre à discerner ce qui vient de l’Esprit et ce qui n’en vient pas, ce qui est selon Dieu et ce qui est selon le monde
Nous ferons par ailleurs une étude sur la manière de Paul de se laisser conduire par l’Esprit Saint. Là, nous nous contenterons de mentionner que pour vivre les détresses et les combats, Paul se laisse guider par l’Esprit. Il se laisse non seulement guider, mais c’est la force sur laquelle il compte.
Il s’attache à discerner ce qu’est « marcher sous la loi de la chair » et « marcher sous la loi de l’Esprit », car il ne suffit pas d’être dans la détresse ou au combat pour se dire que ce sont ceux du Christ… Ce discernement, il le fait à partir des fruits :
« Vous, frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! Mais, par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. Car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez ou vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Ecoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi.
On les connaît les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, rivalités, dissensions, factions, envies, beuveries, ripailles et autres choses semblables ; leurs auteurs, je vous en prévient, comme je l’ai déjà dit, n’hériteront pas du royaume de Dieu.
Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l’Esprit, vivons aussi sous l’impulsion de l’Esprit. » (Ga 5, 13-25)
La T.O.B. commente (note « o », verset 22) : « Aux œuvres de la chair, Paul oppose le fruit de l’Esprit qui est unique : c’est l’amour. Ce qu’il énumère ensuite, ce sont les signes du règne de l’amour : joie et paix ; les manifestations de cet amour : patience, bonté, bienveillance ; les conditions enfin de sa naissance et de son épanouissement : foi, douceur, maîtrise de soi ; La foi est en effet la racine de l’amour ; quant à la douceur, c’est l’attitude des humbles qui se laissent conduire par leur Père céleste ; elle caractérise le Christ (Mt 11, 29) »
Parce que nous ne marchons pas encore en plénitude sous la loi de l’Esprit, nous connaissons la détresse qui vient de notre propre péché et la tristesse qui en résulte. Là encore, Paul nous invite à discerner et à vivre cette tristesse « selon Dieu » et non « selon ce monde » :
« La tristesse selon Dieu produit un repentir qui conduit au salut et ne laisse pas place au regret… La tristesse selon ce monde produit la mort. Voyez plutôt ce qu’a produit chez vous la tristesse selon Dieu. Mais oui ! quel empressement ! quelles excuses ! quelle indignation ! quelle crainte ! quel désir ! quel zèle ! quelle punition ! » (2 Co 7, 10-11)
4.9 Un combat à vivre en Eglise :
Ce combat n’est pas à vivre seul, mais en Eglise, entre frères. Nous sommes invités à ne pas compter sur notre propre force, mais à veiller les uns pour les autres, et à compter en particulier sur ceux qui ont reçu la charge d’être nos supérieurs :
« Réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre, comme vous le faites déjà. Nous vous demandons, frères, d’avoir des égards pour ceux qui parmi vous se donnent de la peine pour vous diriger dans le Seigneur et pour vous reprendre ; ayez pour eux la plus haute estime, avec amour, en raison de leur travail. Vivez en paix entre vous. Nous vous y exhortons, frères, reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu ; soutenez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien, entre vous et à l’égard de tous. Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit Saint. » (1 Th 5, 11-19)