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Chers amis,
J’ai été uni à vous tous pendant les célébrations de Pâques.
La nuit de Pâques, j’ai baptisé 150 enfants et adultes. Il y a eu entre 100 et 200 baptêmes dans chacun des 4 centres de notre paroisse.
La semaine précédente, il y a eu les « JMJ de la paroisse » à Isaka auxquelles 500 jeunes ont participé du jeudi au dimanche des Rameaux.
J’ai été heureux de voir Dada, ce jeune de la rue dont je parle dans mon courrier de Noël, participer à ces JMJ. Depuis Noël, il vient systématiquement dormir et manger à la maison paroissiale quand je suis là. J’ai été heureux de voir comment il a été adopté par le Père Wilson, les sœurs et séminaristes qui étaient là pour les JMJ.
J’ai été voir un foyer d’accueil de personnes handicapées à Fianarantsoa tenu par des religieuses pour leur demander d’accueillir Dada, mais il y a une grande liste d’attente et elles n’espèrent pas pouvoir l’accueillir avant 4 ou 5 ans. Aussi ai-je parlé à Wilson de mon rêve pour Dada qu’il a immédiatement fait sien : lui construire une maisonnette sur le terrain de la paroisse, et inviter les chrétiens à faire des équipes qui se succèdent pour laver la maison, ses vêtements, le laver, lui donner de vrais repas (les gens lui donnent déjà à manger dans la rue) et même, aussi souvent que possible, que l’un ou l’autre vienne manger avec lui.
La joie de Dada quand on lui a donné un « Tshirt des Jmj » comme les autres jeunes au lieu de la loque qu’il portait nous a touchés.
Pour dire la vérité, ce n’est pas toujours simple d’accueillir Dada et de cheminer avec lui à cause de son handicap mental conséquence de l’épilepsie qui s’ajoute à une légère hémiplégie.
Quand nous sommes arrivés jeudi saint, Dada est immédiatement venu, tout heureux de la perspective du baptême.
Le vendredi, il a fallu laver la natte, la salle, parce qu’il n’a pas acquis la propreté. Il y a de nombreuses paroles du Pape François dans son Exhortation Apostolique « La joie de l’Evangile » qui me parlent, encore qu’il faut adapter un peu le texte et ce n’est pas l’odeur des brebis que nous portons en vous approchant de Dada, mais plutôt l’odeur des boucs. Ce vendredi saint, sans que je ne comprenne pourquoi, il était en révolte. Il a été faire ses besoins dans l’enclos de la grotte de la Vierge de Lourdes sans qu’il soit possible de savoir si c’était une provocation ou un manque de jugement. En tous cas, il disait clairement son refus du baptême.
Le samedi saint, il s’est révélé en pleine forme, tout heureux du baptême qui approchait, se laissant laver. Le dialogue du lavement des pieds était un peu modifié : « pas seulement les pieds, mais la tête, les mains, tout le corps, les vêtements, la salle… »
Le soir, il a trouvé que la célébration était bien tard et voulait aller se coucher. Il est venu cependant mais est venu s’asseoir à mes côtés dans le chœur pendant la liturgie de la Parole en disant qu’il allait dormir. Comme des laïcs ont essayé de l’empêcher de partir, il s’est révolté et n’a pas voulu s’avancer pour le baptême. Puis, pris par les cantiques pendant que je célébrais les 150 baptêmes, il s’est mis à danser dans le chœur. Quand il n’y a plus eu personne à baptiser, il s’est avancé rayonnant. Au moment de la transmission de la lumière, il s’est emparé du cierge pascal.
Lors de la messe du jour de Pâques, il s’est mis torse nu dans l’Eglise… J’ai été heureux de voir les chrétiens l’accueillir avec joie et j’ai appelé à ne pas se scandaliser mais à se réjouir que le plus petit soit là, présence du Christ au milieu de nous. J’ai évoqué l’irruption de cet enfant autiste à côté du Pape François qui s’était agrippé à lui pendant son homélie et avait pris sa place sur son siège.
Pendant le repas de midi, Dada était tout heureux au milieu de nous, avant de tomber en crise d’épilepsie, gisant sur le sol de la cuisine avec ses plaies ouvertes.
C’est avec lui tout particulièrement, mais aussi avec un catéchiste ayant une grave hémorragie digestive et que je suis monté visiter à pied dans la montagne avant la veillée pascale puis, de nouveau, avant la messe de Pâques, que j’ai eu la joie soufferte de vivre le mystère de Pâques.
Une fois de plus, je vous dis combien je ne vous oublie pas et suis uni à vous par la pensée à la prière, uni au diocèse de Créteil en particulier au moment où il entre en synode. Très fraternellement. Joyeuse Pâques !