Jésus révèle le Père

  1. Dieu comme Père dans l’Ancien Testament:

Dieu comme Père dans l’Ancien Testament… Résumé:

  1. Jésus, le Fils de Dieu, Celui qui révèle le Père
  2. dans les Synoptiques
  3. Dans l’Evangile de Jean :
  4. Dieu comme Père… mais quel père ?

2.1 Un Père qui a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils Unique pour que tout homme ait la vie :

2.2 Un Père qui en son Fils livré donne le Pain du ciel :

2.3 Un Père qui se révèle totalement en Jésus-Christ et qui n’est pas encore totalement révélé :

2.4 Un Père qui confie les hommes au Fils, et qui veut qu’aucun ne se perde :

2.5 Un Père qui vient demeurer en l’homme qui l’aime :

2.6 Un Père miséricordieux… mais qui émonde et peut aussi rejeter :

2.7 Un Père prodigue…

2.8 Un Père qui se révèle aux tout petits et qui veille sur eux :

2.9 Les bénis du Père…

2.10 Un Père qui donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent :

2.11 Un Père qui donne le Royaume à ceux qui le cherchent :

2.12 Un Père qui ne regarde pas les apparences, mais les coeurs

2.13 Un Père qui voit dans le secret :

  1. Devenir Fils… une relation donnée et dans laquelle il y a à entrer
  2. Devenir fils dans les Evangiles synoptiques :
  3. Devenir Fils dans l’Evangile de Jean :

« La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. (Jn 21)

1. Dieu comme Père dans l’Ancien Testament:

Quand Jésus apprend à ses disciples à prier, il les met en présence du Père, il leur révèle Dieu comme Père. Pour bien mesurer la nouveauté de ce lien que Jésus révèle, nous pouvons nous reporter à l’Ancien Testament. Comment Dieu est-il ou non déjà présenté comme « Père ».

Dieu n’apparaît comme « Père » que 25 fois contre près de 200 fois dans le Nouveau Testament. Dieu, comme Père, apparaît bien dans l’Ancien Testament, mais d’une part cela est rare, d’autre part, il n’y a jamais un dialogue direct et de pleine communion avec Dieu Père.

Dans le Deutéronome, il y a une mention très discrète:

« N’est-ce pas lui ton Père qui t’a donné la vie » (Dt 32,6).

Dieu y est présenté comme celui qui veille sur son peuple comme un aigle prend soin de sa nichée, son peuple qui marche au désert dans les solitudes remplies de hurlements sauvages et qui, malgré l’amour infini de Dieu, s’est détourné de lui. Dieu est alors celui qui envoie des épreuves, sa manière à lui de rendre justice et de rétribuer Israël pour qu’il prenne conscience qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui.

Au temps du roi David: dans divers passages (2 S 7,1-16; 1 Ch 22,7-10; 1 Ch 28), une promesse est faite à David concernant son fils, promesse liée à l’annonce qu’il construira pour Dieu un temple:

« Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. »

Il est intéressant de noter qu’on ne trouve nulle part dans la bouche de Salomon cette expression « Père » dans un dialogue avec Dieu. Comment ne pas penser dés lors à une promesse concernant celui qui se présentera plus tard comme le « Fils de David » et qui sera la pierre angulaire du temple de Dieu.

Au passage, on note que David aurait été écarté par Dieu pour la construction du temple parce qu’il a répandu beaucoup de sang… pas le sien, celui des autres. Jésus, répandant son propre sang, pourra être celui qui bâtit la maison du Seigneur.

Dieu comme Père chez les Prophètes: Dieu comme père, apparaît ensuite dans les écrits des prophètes, souvent comme promesse, lié aussi à l’annonce de la venue d’un Messie. Ainsi en Esaïe 9,5-6:

« Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné. La souveraineté est sur ses épaules. On proclame son nom: « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père à jamais, Prince de la paix. » Il aura une souveraineté étendue et une paix sans fin pour le trône de David et pour sa royauté, qu’il établira et affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. – L’ardeur du Seigneur fera, le Tout-Puissant, fera cela. » (Es 9,5-6)

Plus loin, Esaïe met dans la bouche de Dieu que Israël est son peuple, que les hébreux sont des fils pour lui. Dans ce passage, cette relation filiale apparaît comme une relation du passé, quand Israël se laissait conduire. Dieu Père était alors celui qui venait lui-même combattre avec son peuple, son pasteur, celui qui avait mis en lui son Esprit Saint et qui lui faisait traverser la Mer Rouge sous la conduite de Moïse, bref, un Dieu Père Sauveur:

« Il avait dit : « Vraiment, ils sont mon peuple, des fils qui ne trompent pas », et il fut pour eux un sauveur dans toutes leurs détresses. » (63,8-9a)

Et juste après:

« Ce n’est pas un délégué ni un messager, c’est lui, en personne, qui les sauva : dans son amour et dans sa compassion, c’est lui-même qui les racheta. Il les souleva, il les porta tous les jours d’autrefois. » (63,9)

Comment ne pas penser à la manière dont Dieu allait se manifester comme Père en ne se contentant pas de sauver lui-même son peuple, mais en venant lui-même se faire homme Sauveur en Jésus-Christ ?

Dieu, par la bouche d’Esaïe, rappelle que, ce faisant, il s’était fait un nom resplendissant. On trouve là un lien parlant entre un Dieu Père, Sauveur, qui donne l’Esprit Saint et dont le nom était resplendissant, sanctifié…

Cette proclamation de Dieu Père dans le passé mise dans la bouche de Dieu dans le livre d’Esaïe se poursuit par une lamentation devant ce peuple qui s’est coupé de lui et par ce cri mis dans la bouche du peuple:

« C’est que notre Père, c’est toi !

Abraham en effet ne nous connaît pas, Israël (le patriarche Jacob)  ne nous reconnaît pas non plus;

C’est toi, Seigneur, qui est notre Père, notre Rédempteur depuis toujours, c’est là ton nom. » (63,16)

Il semble bien, ici, qu’il y ait une conscience claire d’un lien filial. Mais il n’en est rien. Il y a un souvenir clair d’un moment où Israël était entré dans ce lien, au moment du passage de la mer Rouge; il y a un cri pour que Dieu rétablisse ce lien; mais ce lien est en promesse, en attente, comme en témoigne la suite de ce passage d’Esaïe:

« Pourquoi nous fais-tu errer, Seigneur, loin de tes chemins, et endurcis-tu nos cœurs qui sont loin de te craindre ? Reviens, pour la cause de tes serviteurs, des tribus de ton patrimoine. C’est pour peu de temps que ton peuple saint est entré dans son héritage; nos agresseurs l’ont écrasé, ton sanctuaire ! Et depuis longtemps nous sommes ceux sur qui tu n’exerces plus ta souveraineté, ceux sur qui ton nom n’est plus appelé. » (63,17-19a)

« Ah, si tu déchirais les cieux et si tu descendais, tel que les montagnes soient secouées devant toi, tel un feu qui brûle des taillis, tel un feu qui fait bouillonner des eaux pour faire connaître ton nom à tes adversaires; les nations seraient commotionnées devant toi, si tu faisais des choses terrifiantes, que nous n’attendons pas; tu descendrais, les montagnes seraient secouées devant toi. » (63,19b-64,2)

« Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, jamais l’oeil n’a vu qu’un dieu, toi excepté, ait agi pour qui comptait sur lui. » (64,3)

« Tu surprends celui qui se réjouit de pratiquer la justice, ceux qui sur tes chemins se souviennent de toi. Te voilà irrité car nous avons dévié; c’est sur ces chemins d’autrefois que nous serons sauvés. » (64,4)

« Tous, nous avons été comme l’impur, et tous nos actes de justice, comme les linges répugnants, tous, nous nous sommes fanés comme la feuille, et nos perversités, comme le vent, nous emportent. » (64,5)

« Nul n’en appelle à ton nom, nul ne se réveille pour t’en saisir, car tu nous as caché ton visage, tu as laissé notre perversité nous prendre en main pour faire de nous des dissolus. » (64,6)

« Cependant, Seigneur, notre Père c’est toi: c’est nous l’argile, c’est toi qui nous façonnes, tous nous sommes l’ouvrage de ta main. » (64,7)

« Ne t’irrite pas, Seigneur jusqu’à l’excès, ne te rappelle pas à jamais la perversité. Mais regarde donc: ton peuple, c’est nous tous ! » (64,8)

Si l’on poursuit la lecture de ce texte pour mieux comprendre quel est ce lien filial attendu, on constate qu’il est celui proposé par un père qui toujours se laisse trouver par son peuple qui l’a abandonné et ne le cherche plus (Es 65,2-3), que ce qui est promis, c’est la paix pour les nations (Es 66,10-12), que ce lien filial est promis à toutes les nations de toutes les langues et qu’il se manifestera par un signe:

 « Je viens vous rassembler de toutes les nations de toutes les langues: elles viendront et verront ma gloire: oui, je mettrai au milieu d’elle un signe. » (66,18b-19a)

Une fois de plus, cette promesse d’une relation filiale à Dieu concernant tout homme est liée à la promesse d’un signe, du Messie.

Au passage, on peut noter que si Dieu apparaît là comme un père, il est présenté dans le même passage comme une mère:

« Vous serez allaités, portés sur les hanches et cajolés sur les genoux. Il en ira comme d’un homme que sa mère réconforte: c’est moi qui, ainsi, vous réconforterai, oui, dans Jérusalem, vous serez réconfortés. Vous verrez, votre coeur sera enthousiasmé, vos os comme un gazon seront revigorés. La main du Seigneur se fera connaître à ses serviteurs, mais il se montrera indigné envers ses ennemis. » (…) (66,12b-14)

Chez le prophète Jérémie, il est fait référence à Israël qui s’adresse à Dieu en disant: « Mon Père », mais qui au même moment se prostitue avec d’autres dieux et ne vit pas de cette relation filiale (Jr 3,1-23). Là encore, la relation filiale apparaît comme une promesse non réalisée et liée à la promesse messianique concernant toutes les nations. Jérémie donne à ce lien filial un contenu très affectif, montrant toute l’émotion du père devant son fils qui revient. Difficile de ne pas penser à la parabole du Fils Prodigue:

« J’entends, oui j’entends Ephraïm qui se lamente: « Tu me domptes et je me laisse dompter comme un taurillon indocile: fais-moi revenir, que je puisse revenir, car toi, Seigneur, tu es mon Dieu. Dès que je commence à revenir, je suis plein de repentir; sitôt que je me vois sous mon vrai jour, je me frappe la poitrine: sur moi honte et déshonneur ! Ma jeunesse a été un scandale, j’en supporte les conséquences. » Ephraïm est-il pour moi un fils chéri, un enfant qui fait mes délices ? Chaque fois que j’en parle je dois encore et encore prononcer son nom; et en mon coeur, quel émoi pour lui ! Je l’aime, oui je l’aime – oracle du Seigneur. » (Jr 31,18-20)

Chez le prophète Malachie, on retrouve cette conscience d’un lien filial trahi et promis en lien avec le Messie:

« N’avons-nous pas tous un seul Père ? Un seul Dieu ne nous a-t-il pas créés ? Pourquoi sommes-nous traîtres l’un envers l’autre, profanant ainsi l’alliance avec nos pères ? » (Ml 2,10)

Dans une prophétie dans laquelle il reproche au peuple d’apporter des offrandes impures, aux prêtres de s’être écartés du chemin, à Juda de s’être lié à un dieu étranger, par la bouche de Malachie, Dieu continue:

« Et le Seigneur n’a-t-il pas fait un être unique, chair animée d’un souffle de vie ? Et que cherche cet unique ? Une descendance accordée par Dieu ? Respectez votre vie. (…) Ne soyez pas traîtres. (…) Voici que j’envoie mon messager. Il aplanira le chemin devant moi. Subitement, il entrera dans son Temple, le maître que vous cherchez, l’Ange de l’Alliance que vous désirez; le voici qui vient, dit le Seigneur, le Tout Puissant. » (Ml 2,15-3,2)

Dans les psaumes, Dieu comme Père n’apparaît quasiment pas,

– sauf au psaume 68,6 où Dieu est qualifié de « père des orphelins »;

– au psaume 88,7 où il est fait mention de la promesse faite à David que son fils pourrait appeler Dieu « Mon Père ! Le rocher qui me sauve »; (une nouvelle fois, quand Dieu est promis comme Père, c’est en lien avec le Messie et la promesse de l’Esprit Saint);

– au psaume 103,13, où il s’agit d’une comparaison: « Comme un père est tendre pour ses enfants, Le Seigneur est tendre pour ceux qui le craignent. »

Dans le livre des Proverbes, on trouve encore une mention de Dieu comme père:

« Ne rejette pas, mon fils, l’éducation du Seigneur, et ne te lasse pas de ses avis. Car le Seigneur réprimande celui qu’il aime tout comme un père le fils qu’il chérit. » (Pr 3,11-12)

Dans ce passage des proverbes, l’attribut de Père est affecté à Dieu seulement dans le cadre d’une comparaison. Le texte est écrit en s’adressant à l’homme comme à un fils. Tous ces proverbes sont placés sous le patronage de « Salomon, fils de David, roi d’Israël ». C’est la sagesse personnifiée qui parle et ouvre à cette relation filiale encore à peine ébauchée. Les chrétiens y reconnaîtront une annonce du Christ, Sagesse de Dieu, qui seul introduit à cette relation pleine avec le Père, un Père qui aime ses enfants jusqu’à les éduquer et les réprimander par amour.

Dieu comme Père dans le livre du Siracide:

« Seigneur, Père et Maître de ma vie, ne m’abandonne pas à leur penchant et ne permets pas qu’elles me fassent tomber. » (Si 23,1)

« Oh Seigneur, Père et Dieu de ma vie, ne me donne point l’arrogance des yeux et détourne de moi la convoitise. Que l’appétit sexuel et la luxure n’aient pas de prise sur moi, ne me livre pas au désir impudique ! » (Si 23,4-6)

Dans un souci de rester juste et de se méfier de ceux qui pourraient le faire chuter, un homme s’adresse au Seigneur qu’il qualifie de « Père et Maître de sa vie ». Là, il y a bien une parole adressée, mais la qualité de Père semble rester un attribut.

On ne sait pas qui parle, ni qui risque de faire tomber. Il s’agit d’un texte apocryphe Deutérocanonique écrit par « Jésus fils de Sira » notable de Jérusalem 180 ans avant notre ère. Pour lui, Dieu est un Etre infiniment bon, mais dont la sainteté même exige que l’homme prenne pour l’atteindre les chemins étroits de l’obéissance. Dieu est l’éternel et l’unique (18,1; 36,4; 42,21) il est l’auteur ‘une création parfaite (42,21-24) malgré ses mystères et ses contradictions apparentes; il connaît tout (42,18-25); il est en un mot « le tout » (43,27), il gouverne l’univers avec justice et providence (16,17-23), ayant déterminé le temps de chaque chose et rétribuant avec équité (33,13). Il est aussi le miséricordieux qui pardonne (2,11). Pour tout dire, Dieu est Père, non seulement d’Israël dont il est le Dieu par excellence (17,17; 24,12), mais de chaque individu. Ce dernier point constitue un progrès considérable dans la théologie du judaïsme. L’attitude du Siracide face au Créateur est donc celle d’une confiance inébranlable qui explique la place considérable de la prière dans son livre. (D’après l’introduction de la T.O.B. au Siracide)

Dieu comme Père dans le livre de la Sagesse:

La date de composition du livre de la sagesse est incertaine. Il semble très récent: 50 avant Jésus-Christ ou même 30 ans. C’est donc dans un livre très récent que va très fortement apparaître l’idée que Dieu soit « Père ».

« Le juste se vante d’avoir Dieu pour père » (Sg 2,16): « Traquons le juste: il nous gêne, il s’oppose à nos actions, nous reproche nos manquements à la Loi et nous accuse d’être infidèles à notre éducation. Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur. Il est devenu un reproche vivant pour nos pensées et sa seule vue est à notre charge. Car sa vie ne ressemble pas à celle des autres et sa conduite est étrange. Il nous considère comme une chose frelatée et il s’écarte de vos voies comme de souillures. Il proclame heureux le sort final des justes et se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira. Si le juste est fils de Dieu, alors il viendra à son secours et l’arrachera aux mains de ses adversaires. Mettons-le à l’épreuve par l’outrage et la torture pour juger de sa sérénité et apprécier son endurance. Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, selon ses dires, une intervention divine aura lieu en sa faveur. Ainsi raisonnent-ils, mais ils se trompent; leur perversité les aveugle et ils ne connaissent pas les secrets desseins de Dieu, ils n’espèrent pas de récompense pour la piété, ils n’apprécient pas l’honneur réservé aux âmes pures. Or Dieu a créé l’homme pour qu’il soit incorruptible et il l’a fait image de ce qu’il possède en propre. Mais par la jalousie du diable, la mort est entrée dans le monde: ils la subissent ceux qui se rangent dans son parti. » (Sg 2,12-24)

Il n’y a pas encore de parole clairement adressée à un Dieu Père, mais il y a un pressentiment étonnant de la manière dont le Christ va se situer lui-même dans un lien filial et va y introduire les hommes. Se situer comme « Fils du Père », apparaît ici totalement lié à vivre comme « Juste » et connaître la croix, la mort honteuse. L’affirmation de Dieu Père apparaît une nouvelle fois comme sous-tendant la confession de Dieu qui crée tout homme à son image, mais aussi aux prises avec le diable et sauvé par l’amour de Dieu.

Comment a-t-il été compté au nombre des fils de Dieu celui-là même à qui nous avons donné une mort déshonorante? (Sg 5,5): « Alors le juste se tiendra debout avec une belle assurance, face à ceux qui l’opprimèrent et qui méprisaient ses efforts. A sa vue, ils seront secoués d’une peur terrible, stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente. Ils se diront entre eux, pleins de remords et gémissant le souffle court: c’est lui que jadis nous tournions en ridicule et dont nous faisions un objet de sarcasme. Insensés, nous avons jugé sa vie une pure folie et sa mort déshonorante. Comment a-t-il donc été admis au nombre des fils de Dieu et partage-t-il le sort des saints? Ainsi, nous nous sommes égarés loin du chemin de la vérité, la lumière de la justice ne nous a pas éclairés et le soleil ne s’est pas levé pour nous. » (Sg 5,1-6)

Le « Fils de Dieu » par excellence, le Juste, c’est celui que le monde rejette et crucifie. C’est sur la Croix que Jésus révèle en plénitude ce lien qui l’unit à son Père et ce lien d’amour du Père pour les hommes, un Père qui veut sauver tous les hommes.

« Les tiens, tu les as mis à l’épreuve en père qui avertit » (Sg 11,10):« Ils souffrirent de la soif et ils t’invoquèrent; alors un rocher abrupt leur donna de l’eau, une pierre dure étancha leur soif (…) En effet, par cette épreuve, bien que corrigés avec miséricorde, ils surent quels tourments subissaient les impies jugés avec colère. Les tiens, tu les as mis à l’épreuve en père qui avertit mais à ceux-là, tu as demandé des comptes en roi sévère qui condamne. Loin comme près des tiens, ils souffraient pareillement: une double tristesse les saisit avec un gémissement au souvenir du passé, car en apprenant que par l’instrument même de leur châtiment les autres avaient été favorisés, ils sentirent l’intervention du Seigneur. Celui qu’ils avaient rejeté jadis en l’exposant (Moïse sur le Nil), puis congédié avec moquerie, les remplit de stupeur au terme des événements car ils avaient souffert de la soif autrement que les justes. » (…)

Un peu plus loin dans ce même livre de la sagesse, dans une méditation sur l’action de Dieu au cours de l’Exode, Dieu est encore présenté comme père. On note qu’il n’y a pas encore d’idée très claire d’une paternité de Dieu pour tous les hommes et d’un projet de salut pour tous. Au Père miséricordieux qui avertit les siens, s’oppose le roi sévère qui condamne. Il faut nuancer cette remarque avec l’affirmation très forte de l’amour de Dieu pour tous les hommes. On note que cette affirmation de la paternité se dit avec l’évocation de l’eau qui coule du rocher… quand le juste est exposé… Il y a plusieurs degré de paternité. Il y a le lien parfait qui unit le Père au Juste exposé et le lien dans lequel les hommes ont toujours à entrer qui unit le Père à tous les hommes. C’est le Père qui les y fait entrer.

« Tu aimes tous les êtres… et ton esprit incorruptible est dans tous les êtres » (Sg 11,21-12,8): « Ta grande force est toujours a ta disposition, et qui résistera à la vigueur de ton bras? Oui, le monde entier est devant toi comme le poids infime qui déséquilibre une balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend vers le sol. Mais tu as pitié de tous parce que tu peux tout, et tu détournes les yeux des péchés des hommes pour les amener au repentir. Tu aimes tous les êtres et ne détestes aucune de tes oeuvres: aurais-tu haï l’une d’elles, tu ne l’aurais pas créée. Et comment un être quelconque aurait-il subsisté, si toi, tu ne l’avais voulu, ou aurait-il été conservé sans avoir été appelé par toi. Tu les épargnes tous, car ils sont à toi, Maître qui aimes la vie, et ton esprit incorruptible est dans tous les êtres.

Aussi tu reprends progressivement les coupables et tu les avertis, leur rappelant en quoi ils pèchent, afin qu’ils renoncent au mal et qu’ils croient en toi, Seigneur. Il en fut ainsi pour les anciens habitants de la terre sainte (les cananéens) que tu avais pris en haine à cause de leurs pratiques détestables oeuvres de magie, rites impies, meurtres cruels d’enfants, festin de chair et de sang humains où l’on mange jusqu’aux entrailles; ces véritables initiés surpris en pleine orgie, ces parents meurtriers d’êtres sans défense, tu avais voulu les faire périr par la main de nos pères, afin qu’elle reçût une digne colonie d’enfants de Dieu, cette terre qui t’est chère entre toutes. Pourtant, même ceux-là, tu les as épargnés parce qu’ils restaient des hommes… » (Sg 11,21-12,8a)

Dans ce passage, on note que la puissance de Dieu Père est cela même qui fonde le pardon malgré les péchés même les plus insupportables comme ceux des cananéens, et que cet amour de Dieu Père est pour tout homme parce qu’il est homme, parce qu’il est fils par définition. Le mot « Père » n’apparaît pas directement, mais, dans une méditation sur son histoire, l’homme se reconnaît fils de Dieu sauvé et aimé.

« C’est ta providence, ô Père qui tient la barre » (Sg 14,3): Dans un long plaidoyer contre l’invocation des idoles, des objets sans vie, oeuvres de mains humaines l’auteur écrit:

« Cet autre va appareiller, se disposant à parcourir les flots cruels, et il invoque un bois plus vermoulu que le bateau qui l’emmène. Car celui-ci a été conçu dans le désir d’acquérir des ressources et il a été construit par la sagesse artisane.

Mais c’est ta providence, ô Père, qui tient la barre: tu as tracé un chemin sur la mer, un sentier assuré parmi les flots montrant par là que tu peux sauver de tout danger, même si l’on prend la mer sans aucune compétence.

Tu ne veux pas que les oeuvres de ta Sagesse demeurent improductives, c’est pourquoi les hommes confient leur vies à un bois infime et ont pu traverser la mer houleuse sur un radeau en échappant à tout danger. Ainsi, aux origines, lorsque périssaient les géants orgueilleux (cf. Babel, Noé), l’espoir du monde se réfugia sur un radeau et, dirigé par ta main, conserva pour l’avenir une semence de génération.

Béni est le bois devenu instrument de justice ! Mais maudite l’idole fabriquée, elle et son auteur,… (Sg 14,1-8)

Dans ce passage, Dieu apparaît comme Père dont la Providence guide l’homme et le sauve. Comment ne pas relire ce texte en étant saisi par la méditation anticipée de ce Dieu Père qui révèle sa paternité providentielle et salvatrice en son Fils qui fonde l’Eglise sur le bois de la Croix. Un Père qui n’abandonne pas l’homme à lui-même mais lui laisse son propre Fils pour le guider et être son chemin au milieu de la mer si cruelle…

Dieu comme Père dans l’Ancien Testament… Résumé:

C’est bien le Christ qui nous introduit dans une relation filiale au Père. Il n’y a pas de trace d’hommes s’adressant clairement à Dieu comme Père dans l’Ancien Testament. Cette relation est évoquée dans des paroles mises dans la bouche de Dieu se lamentant de voir que son peuple s’est coupé de lui. Elle est annoncée comme à venir en lien avec l’avènement du Messie et comme concernant tous les hommes.

Il y a une distinction entre la relation filiale qui se réalisera pleinement dans le Fils, le Messie, le Juste, et celle dans laquelle les hommes ont à grandir en laissant Dieu agir en eux.

Il y a un lien immédiat entre Dieu Père, Sauveur, Créateur, qui s’incarne, qui donne son Esprit, Dieu qui conduit son peuple de toute éternité.

2. Jésus, le Fils de Dieu, Celui qui révèle le Père

1. dans les Synoptiques

Si nous sommes tous appelés à nous adresser à Dieu comme à notre Père, un seul vit pleinement de cette relation et nous y introduit : Le Fils.

S’il est fils de l’homme, fils de Marie et Joseph, Dieu fait homme, il est Dieu, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Cette double filiation posera dès le début problème et elle reste le coeur de la question de la foi. Dire « Notre Père… », reprendre ainsi les mots de Jésus, c’est redire très fortement notre foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme, c’est entrer dans le mouvement d’amour de la Trinité. (Lc 1,30-32a ; Lc 2,33 ; Lc 2,48b-49 ; Lc 3,23-38 ; Lc 4,16-22 )

C’est dans le récit du baptême, que cette filiation est le plus manifeste dans les synoptiques :

« L’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » (Lc 3,22)

Cette révélation de Jésus comme Fils de Dieu se renforcera à la Transfiguration où les apôtres découvriront très profondément que « faire la volonté du Père », c’est écouter le Fils :

« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le. » (Lc 9,35)

Si le Fils est totalement inscrit dans cette relation filiale, il ne l’est pas sans combat :

– Il doit renoncer à ses parents terrestres pour être aux affaires de son Père ; (Lc 2,48b-49)

– Il doit résister à Satan au désert, figure de tous les combats qui ont marqué sa vie ; (Lc 4,3-12)

– Il doit résister à Satan lors de la Passion pour faire non pas sa volonté, mais celle du Père ; (Lc 22,42-44)

– Il prie le Père dans tous les moments clefs de sa mission et de manière quotidienne. C’est sa propre prière qu’il dévoile aux apôtres en leur transmettant le Notre Père.

Ce lien qui unit Jésus l’envoyé du Père, le Fils, à Celui-ci, au coeur même de la mission éclate sous l’action de l’Esprit Saint dans cette exultation au retour des apôtres :

« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père et nul ne connaît qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » (Lc 10,21-22)

Cette filiation du Fils totalement lié à son Père, lié aux hommes pêcheurs auxquels il est envoyé s’exprime en pleine clarté dans ses dernières paroles sur la croix :

– « Père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font… » (Lc 23,34)

– « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et sur ces mots il expira. Voyant ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu en disant : Sûrement, cet homme était juste. Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, à la vue de ce qui s’était passé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. » (Lc 23,46-48)

2. Dans l’Evangile de Jean :

Les passages dans lesquels Jésus se situe par rapport à son Père et parle du lien qui l’unit au Père et au Fils sont innombrables. Si l’on ne trouve pas la prière du Notre Père chez Jean, tout son Evangile est inscrit dans cette prière. Tout son Evangile est manifestation du Fils comme Envoyé du Père.

La filiation divine apparaît très fortement dans le prologue et au moment du baptême dans la bouche du baptiste :

« Et le Verbe s’est fait chair, et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. » (Jn 1,14)

« Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur lui, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’atteste qu’il est Lui, le Fils de Dieu. » (Jn 1,33-34)

Dire « Père » avec St Jean, c’est reconnaître le Fils comme Celui-là même qui manifeste le Père, qui est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,6) :

« Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. » (Jn 1,18)

« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tout. Celui qui est de la terre est terrestre et parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu’il a vu et de ce qu’il a entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui reçoit son témoignage ratifie que Dieu est véridique. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, qui lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis en sa main. » (Jn 3,31-35)

« En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. C’est que le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait ; il lui montrera des oeuvres plus grandes encore, de sorte que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père relève les morts et les fait vivre, le Fils lui aussi fait vivre qui il veut. Le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas non plus le Père qui l’a envoyé. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5,19-24)

« Quiconque a entendu ce qui vient du Père et reçoit son enseignement vient à moi. C’est que nul n’a vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu. Lui a vu le Père. » (Jn 6,45-46)

« Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; sinon, vous aurais-je dit que j’allais vous préparer une place ? Lorsque je serai aller vous le préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi. Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? Jésus lui dit : Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dés à présent, vous le connaissez et vous l’avez vu. Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. Jésus lui dit : Je suis avec vous depuis si longtemps, et cependant, Philippe, tu ne m’as pas reconnu ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu : montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les Paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres oeuvres. » (Jn 14,1-10 voir aussi suivants)

Comme dans les synoptiques, on retrouve comme étant le cœur même de la question de la foi cette adhésion au Dieu Père, à Jésus Fils de Dieu, image et Verbe du Père… et cette adhésion, elle est loin d’être simple :

« Les Juifs s’en prirent à Jésus qui avait guéri un paralysé un jour de Sabbat. Mais Jésus leur répondit : Mon Père jusqu’à présent est à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre. Dès lors, les Juifs n’en cherchaient que davantage à le faire périr, car non seulement il violait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu. » (Jn 5,17-18)

« Nous n’avons qu’un seul Père, Dieu ! » … « Si Dieu était votre Père, vous m’auriez aimé, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de mon propre chef, c’est Lui qui m’a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous n’êtes pas capables d’écouter ma parole. Votre père, c’est le diable, et vous avez la volonté de réaliser les désirs de votre père. Dès le commencement, il s’est attaché à faire mourir l’homme ; il n’avait pu se maintenir dans la vérité parce qu’il n’y a pas en lui la vérité.  » (Jn 8,41-44)

Là encore, c’est sur la Croix que Jésus se manifeste vraiment comme le Fils, et c’est parce qu’il va jusqu’à la Croix qu’il est vraiment le Fils, l’Envoyé du Père :

« Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que Je Suis et que je ne fais rien de moi-même : je dis ce que le Père m’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi : il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » (Jn 8,28-29)

« Je suis le Bon Berger, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père : et je me dessaisis de ma vie pour les brebis. J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul berger. Le Père m’aime parce que je me dessaisis de ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me l’enlève mais je m’en dessaisis de moi-même ; j’ai le pouvoir de m’en dessaisir et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. (Jn 10,14-18)

« Elle est venue l’heure où le Fils de l’Homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant, mon âme est troublée, et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure-là que je suis venu. Père, glorifie ton nom. Alors une voix vint du ciel : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » (Jn 12,23-28)

Et c’est encore dans toute sa prière finale que Jésus se révèle comme Fils et révèle le Père, en particuliers dans le chapitre 17 dont voici quelques uns des thèmes :

+ glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie (Jn 16,1)

+ la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé (Jn 16,3)

+ je prie pour ceux que tu m’as donnés, ils savent que tout ce qui est à toi est à moi, garde-les en ton nom… (Jn 16,6-11)

+ je leur ai donné ta Parole… ta Parole est vérité (Jn 16,17)

+ comme tu m’as envoyé, je les envoie (Jn 16,18)

+ que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi afin que le monde croie que tu m’as envoyé  (Jn 20-23)

+ que là où je suis, ils soient aussi et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée (Jn 16,24)

+ je leur ai fait connaître ton nom et je leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux.

2. Dieu comme Père… mais quel père ?

Il n’est pas possible de faire un portrait du Père, d’une part parce qu’il est au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer et comprendre et qu’on a seulement accès aux images utilisées pour parler de lui, d’autre part parce que certains textes peuvent paraître au premier abord se contredire. Ici, il apparaît comme miséricordieux, là il est d’abord présenté à partir de l’exigence ; ici il a remis le jugement dans les mains du Fils, là c’est lui qui juge…

Sortons de cette tentation de nous faire une image de Dieu pour nous laisser prendre dans la contemplation de Celui de qui nous tenons tout et qui toujours appelle à entrer dans une relation filiale, quitte parfois à hausser le ton, comme un Père qui par amour n’en finit pas d’appeler ses enfants pour les ouvrir à la vie.

2.1 Un Père qui a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils Unique pour que tout homme ait la vie :

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16)

2.2 Un Père qui en son Fils livré donne le Pain du ciel :

« Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donna la vie au monde. Ils lui dirent alors : Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là ! Jésus leur dit : C’est moi qui suis le Pain de Vie. » (Jn 6)

2.3 Un Père qui se révèle totalement en Jésus-Christ et qui n’est pas encore totalement révélé :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. C’est que le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait ; il lui montrera des oeuvres plus grandes encore, de sorte que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père relève les morts et les fait vivre, le Fils lui aussi fait vivre qui il veut. Le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas non plus le Père qui l’a envoyé. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5,19-24)

« Je vous ai dit tout cela de façon énigmatique, mais l’heure vient où, loin de vous parler de cette manière, je vous communiquerai ouvertement ce qui concerne le Père. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom et cependant, je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu : je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au Père. » (Jn 16,25-28)

2.4 Un Père qui confie les hommes au Fils, et qui veut qu’aucun ne se perde :

« Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas. Car je suis descendu du ciel pour faire, non pas ma propre volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de Celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est en effet la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6)

2.5 Un Père qui vient demeurer en l’homme qui l’aime :

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. » (Jn 14,23)

2.6 Un Père miséricordieux… mais qui émonde et peut aussi rejeter :

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux… » (Lc 6,36)

« c’est ainsi qu’il y aura de la joie pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Parabole de la brebis perdue : Lc 15,7 ; de la pièce retrouvée : Lc 15,10)

« Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne produit pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui produit du fruit, il l’émonde, afin qu’il en produise davantage encore. » (Jn 15,1-2)

… « Dans sa colère le maître le livra aux tortionnaires jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il lui devait. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du coeur. » (Parabole du débiteur impitoyable, Mt 18,35)

2.7 Un Père prodigue…

Mais le texte clef présentant le Père comme un Père miséricordieux reste celui du « Père prodigue » (Lc 15,11-32). Là, le Père apparaît comme celui :

+ qui partage son avoir, ne retient pas ce qui est à lui

+ chez qui on ne manque de rien

+ qui guette le fils qui l’a quitté alors qu’il est encore loin, est pris de pitié, est plein d’empressement pour l’accueillir quand il revient (il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers…)

– il l’attendait,

– il le voit même quand il est encore loin

– c’est lui qui court à sa rencontre

– il ne le laisse pas aller au bout de ses excuses

– il en fait un roi

– il l’embrasse, signe du pardon

+ qui associe les autres à sa joie :

– amenez le veau gras, tuez-le, mangeons, et festoyons, car mon fils que voici était mort, il est revenu à la vie, il était perdu, il est retrouvé.

Sa manière d’être Père dérange… Il n’est pas Père à la manière humaine. Elle provoque la révolte de celui qui se croit juste par sa force. Mais là encore, il va au devant de l’homme qui se coupe de lui. Face au fils qui ne veut pas rentrer, le père sort à sa rencontre pour le prier… Celui-ci se situe en ayant droit incapable d’accueillir le frère et de se réjouir de la miséricorde du père… incapable de se reconnaître frère (quand ton fils…) Le Père continue à lui parler comme à son fils, bien que celui-ci soit en colère et ne se situe plus ni comme fils ni comme frère, mais il ne force pas sa liberté et il le remet devant le lien filial qui les unissait : « Mon enfant toi tu es (présent) toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé. »

Vu du côté du jeune fils, il lui a fallu prendre son bien, se retrouver loin du Père, avoir tout gaspillé, s’être retrouvé dans la misère la plus totale pour envisager de revenir vers le père… comme ouvrier j’aurai à manger… mais c’est l’amour de père et non son repentir qui le réintroduira dans une relation de fils.

2.8 Un Père qui se révèle aux tout petits et qui veille sur eux :

« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance. » (Lc 10,21)

« Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits car, je vous le dis, aux cieux leurs anges se tiennent sans cesse en présence de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 18,10)

2.9 Les bénis du Père…

« Venez, les bénis de mon Père, car j’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif…

2.10 Un Père qui donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent :

« Si donc vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » (Lc 11,13)

2.11 Un Père qui donne le Royaume à ceux qui le cherchent :

« Ne vous inquiétez pas pour votre vie… Dieu nourrit les oiseaux, il habille les lys des champs… combien plus fera-t-il pour vous ? Et vous, ne cherchez pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez, et ne vous tourmentez pas. Tout cela, les païens le cherchent sans répit, mais vous, votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » (Lc 12,22-31)

2.12 Un Père qui ne regarde pas les apparences, mais les coeurs

« Les pharisiens qui aimaient l’argent, écoutaient tout cela et ils ricanaient à son sujet. Jésus leur dit : vous, vous montrez votre justice aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs : ce qui pour les hommes est supérieur, est une horreur aux yeux de Dieu. » (Lc 16,14-15)

2.13 Un Père qui voit dans le secret :

« Gardez-vous de pratiquer votre religion devant les hommes pour attirer leurs regards ; sinon, pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux… aumône dans le secret, ton Père qui voit dans le secret te le rendra… prière dans le secret, ton Père qui est là dans le secret, qui voit dans le secret, te le rendras. » (Mt 6,1-8)

3. Devenir Fils… une relation donnée et dans laquelle il y a à entrer

1. Devenir fils dans les Evangiles synoptiques :

Se découvrir Fils, et pour cela découvrir en Jésus le Fils, ne vient pas de nous, c’est un don du Père.

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Reprenant la parole, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. (Mt 16,16-18)

Ce don nous dépasse largement, il est pour la manifestation à tous les hommes et nous sommes appelé à ne pas le cacher.

« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,13-16)

Si cette relation est don, elle appelle une réponse de notre part. Dans le chapitre six de Luc qui commence par les Béatitudes, puis par toute une série d’appel pour vivre vraiment en Fils de Dieu et non comme les pécheurs ou les païens, on trouve cette phrase :

« Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande et vous serez les Fils du Très-Haut, car il est bon lui, pour les ingrats et les méchants. » (Lc 6,35)

Comme si, pour entrer dans la relation de Fils de Dieu, il y avait une réponse de l’homme à donner, des exigences éthiques à prendre en compte, comme si la condition de Fils de Dieu était subordonnée à une vie dans l’esprit des Béatitudes. Il ne suffit pas d’être Fils par don gratuit de Dieu à tous les hommes en Jésus-Christ, encore faut-il entrer dans cette relation et en vivre.

En regardant tout ce qui suit le discours des Béatitudes à strictement parler, il nous est donné des clefs pour entrer dans cette relation de Fils :

+ Dans ce passage, on note que Jésus ne parle pas à tous, mais à ceux qui l’écoutent (Lc 6,27a)

+ Ce qui caractérise la manière du Très-Haut d’être Père, c’est d’être bon, lui, ce qui le distingue de tous les autres pères, pour les ingrats et les méchants (Lc 6,35), d’être miséricordieux. (Lc 6,36)

+ A la fois il dit que Dieu est Père de tous les hommes, du moins qu’il est bon pour tous, les ingrats et les méchants aussi, et en même temps, il dit qu’il y a un travail à faire de la part de l’homme pour entrer dans cette relation de Fils du Très-Haut : aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, bénir ceux qui nous maudissent, prier pour ceux qui nous calomnient, tendre l’autre joue, prêter sans espérer en retour, donner plus que ce qui est demandé, sans réclamer après ce qui a été pris, en bref, agir envers les hommes comme nous voudrions qu’ils agissent envers nous et en tout cela se distinguer de l’attitude des pécheurs, aimer sans limite, et d’abord celui qui n’est pas aimable. Alors vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. (Lc 6,27-31)

+ Dire « Notre Père »… engage à agir à sa manière à lui et suppose un travail de notre part pour être un Fils du Très-Haut.

+ Devenir Fils du Très-Haut est fruit des efforts de l’homme qui cherche à vivre du même amour que le Père, mais il n’est pas accessible aux seuls efforts de cet homme, qui est pécheur et dont la première responsabilité semble être de se reconnaître pécheur, d’écouter la parole et d’entrer dans une relation de disciple que le Maître forme. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur », il faut faire la volonté du Père telle qu’elle est manifestée par le Fils. (Lc 6,46) Entendre les paroles du Christ, les mettre en pratique, c’est le seul chemin pour bâtir sa vie sur le roc, entrer durablement dans cette relation filiale, une relation capable de traverser les tempêtes. (Lc 6,47-49)

+ Ce passage d’homme de chair à fils du Très-Haut, puis à homme pécheur se découvrant frère de tout homme, semble lié au lien au seul Vrai Fils, lui le Maître. « Je vous dis à vous qui m’écoutez… » lit-on au début de ce passage (Lc 6,27) ; et plus loin : « Le disciple n’est pas au-dessus de son Maître, mais tout disciple bien formé sera comme son maître

+ Entrer dans une relation de fils en vivant du même amour que Jésus pour les hommes transforme nos liens humains : d’une invitation à agir envers les hommes comme on voudrait qu’ils agissent envers nous (Lc 6,31) on passe à une relation de frère, d’un frère qui se sait pécheur et qui ne peut aider l’autre frère pécheur à se convertir, qu’en commençant par reconnaître son propre péché. (Lc 6,41-42)

+ Celui qui veut vérifier s’il est entré dans ce lien filial a un bon critère : regarder les fruits que l’on produit, en particuliers les paroles que l’on dit, car « ce que dit la bouche, c’est ce qui sort du cœur. » (Lc 6,43-45)

On trouve d’autres traces des exigences que comporte la condition de Fils de Dieu, qui ne sont autres que celles du disciple :

– « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Lc 8,21)

– Il dit à tous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? Car si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. Vraiment, je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne pourront pas avant de voir le Règne de Dieu. (Lc 9,23-27)

– « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le. » (Lc 9,35)

– Si quelqu’un vient à Moi, sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne peut pas être mon disciple. (Lc 14,26-27)

– Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. (Lc 16,13) Enter dans une relation de Fils de Dieu implique un choix par rapport à l’argent.

– « Heureux ceux qui font oeuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5,9)

2. Devenir Fils dans l’Evangile de Jean :

Une relation qui est donnée…

« A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. » (Jn 1,12-13)

« Nul ne peut venir à moi si mon Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,44)

Nécessité pour cela de renaître d’en haut, de l’eau et de l’Esprit

« (Nicodème), nul, s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ne t’étonne pas si je t’ai dit : il vous faut renaître d’en haut. Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3,5-8)

Une relation qui ouvre une autre manière d’adorer

« Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. (…) L’heure vient, et maintenant elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que le Père cherche. Dieu est Esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité. » (Jn 4,21-24)

Pour entrer dans cette relation à Dieu comme Père, il faut renoncer à Satan:

« Nous n’avons qu’un seul Père, Dieu ! » … « Si Dieu était votre Père, vous m’auriez aimé, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de mon propre chef, c’est Lui qui m’a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous n’êtes pas capables d’écouter ma parole. Votre père, c’est le diable, et vous avez la volonté de réaliser les désirs de votre père. Dès le commencement, il s’est attaché à faire mourir l’homme ; il n’avait pu se maintenir dans la vérité parce qu’il n’y a pas en lui la vérité.  » (Jn 8,41-44)

« Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement ! Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage, mais vous ne me croyez pas parce que nous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix et je les connais, et elles viennent à ma suite. Et moi, je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père. Moi et le Père, nous sommes un. » (Jn 10,24-30)

Il faut observer les commandements, suivre le Christ :

« Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour  toujours. (Jn 14,15)

« Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous produisiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. » (Jn 15,8)

« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteur, car le serviteur ignore ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous produisiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » (Jn 15,14-17)

Le disciple passe nécessairement par la dispersion et le besoin d’être lui-même sauvé. Il doit s’en remettre à Jésus qui prie pour lui (cf. toute la prière sacerdotale). C’est dans ce don de sa vie sur la croix et sa résurrection qu’il nous fait fils.

« Voici que l’heure vient et maintenant elle est là, où vous serez dispersé, chacun allant de son côté, et vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, le Père est avec moi. Je vous ai dit cela pour qu’en moi, vous ayez la paix. En ce monde, vous faites l’expérience de l’adversité, mais soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde ! » (Jn 16,32-33)

Il est invité à ne pas retenir Jésus, à aller trouver les frères et à accepter d’être lui-même envoyé :

« Ne me retiens pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. » (Jn 20,17)

« La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. (Jn 21)

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